Deux cartes du ciel à la basilique Saint-Sernin à Toulouse : une représentation unique au monde
Deux cartes du ciel à la Basilique Saint-Sernin
avec en VIDEO à la fin de cette fiche, la visite guidée par Bertrand Ducourau, conservateur
Une marque de diffusion du savoir astronomique grec a été identifiée à Toulouse-même !
Dans une petite galerie difficilement accessible, et donc fermée au public, de la basilique Saint-Sernin (monument géré par la Conservation du musée Saint-Raymond), deux cartes du ciel ont été peintes sur une paroi au XIIIe siècle. À cette époque, l’université de Toulouse venait d’être fondée (1229) et ces cartes ont probablement servi de support pédagogique pour l’étude de l’univers.
La théorie grecque du géocentrisme, faisant de la Terre le centre de la sphère céleste, fut généralement admise pendant toute l’Antiquité et le Moyen-Âge.
Il fallut attendre le XVIe siècle et les travaux de Copernic (en 1543) pour que le Soleil détrône la Terre et prenne définitivement sa place au centre de l’Univers.
Longtemps ignorées, ces cartes représentent un document archéologique d’une portée intellectuelle primordiale pour l’histoire de l’enseignement religieux et universitaire à Toulouse au XIIIe siècle.
• La première de ces cartes est en grande partie ruinée et donc peu lisible. On distingue cependant de nombreux cercles concentriques et des signes tels que nuages pluvieux, vent, point cardinal… Cette carte traite vraisemblablement du thème du macrocosme et du microcosme qui associe l’homme à l’univers de manière symbolique.
• La seconde carte est relativement bien conservée. La Terre est divisée en trois parties correspondant aux trois continents alors connus (Europe, Afrique et Asie) et est figurée au centre d’un univers constitué de douze cercles concentriques. Sept d’entre eux portent un astre, du centre vers l’extérieur :
> Luna Lobus (la lune)
> Luna Mercuris (Mercure)
> Circulum Venusis (Vénus)
> Casa Solis (le Soleil)
> Sfera Martis (Mars)
> Celium Jovis (Jupiter)
> Saturne, invisible sur la partie conservée du cercle, était vraisemblablement situé à droite du soleil.
Le cercle suivant correspond aux étoiles, ce qu’on appelait alors la barrière des étoiles fixes, d’une certaine façon, la fin de l’univers matériel habité par les planètes.
Quatre cercles suivent : le Premier mobile, qui donne à l’univers son mouvement rotatif, et trois cercles indiquant des sphères célestes où siègent les neuf catégories d’anges.
Enfin, le douzième et dernier cercle, l’Empyrée, est la limite de l’univers où il est de tradition iconographique de faire trôner Dieu.
Cette représentation de l’univers du XIIIè siècle est d’une très grande simplicité et rend compte de la structure et du mouvement des planètes d’une façon très facilement compréhensible. Le XIIIè siècle à Toulouse correspond à un moment d’essor du savoir et de la connaissance, puisqu’est créé en 1229 l’Université de Toulouse, qui, à la différence de l’Universite de Paris qui la précède de peu, autorise l’enseignement de la physique d’Aristote.
Ces cartes peintes à la basilique de Saint-Sernin qui est un édifice religieux des plus brillants de son époque, prouvent que les églises étaient donc aussi des lieux de savoir, de curiosité, de culture. On trouve ici non seulement une représentation de l’univers mais aussi un lieu de transmission du savoir astronomique au XIIIè siècle à Toulouse.
© Conservation du Musée Saint-Raymond, Toulouse
Pour la visite, suivez le guide !
© Réalisation : Direction de la communication, Mairie de Toulouse