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Les Antonins, empereurs du Ier siècle

Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode furent tour à tour empereur de cette dynastie, de 98 à 192. Ces hommes puissants élevés au rang de "premier des citoyens", concentrèrent tous les pouvoirs. La diffusion de leurs portraits sculptés illustrent déjà l’utilisation de moyens de communication par l’image pour assurer prestige et autorité.
Trajan

Trajan

Musée Saint-Raymond
Aureus d’Hadrien

Hadrien

Musée Saint-Raymond
Sesterce de Trajan

Trajan

Musée Saint-Raymond
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Qui sont les Antonins ?

Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode furent tour à tour empereur de cette dynastie, de 98 à 192. Ces hommes puissants élevés au rang de « premier des citoyens », concentrèrent tous les pouvoirs.

Trajan
Empereur de 98 à 117, il est surtout connu pour ses conquêtes militaires (en Dacie – actuelle Roumanie – et en Orient). On lui doit aussi la construction de plusieurs monuments importants : un nouveau port à Ostie (Italie), la colonne qui porte son nom, un marché, des thermes et un forum à Rome…

Hadrien
Empereur de 117 à 138, il gouverne en voyageant pour rester au contact de son peuple et intervenir dans tous les domaines. Contrairement à Trajan, il n’est pas un conquérant et renonce même à certains territoires. Par contre, il cherche à assurer la stabilité des frontières. Passionné par la culture grecque, il s’inspire de lieux et de monuments célèbres pour la construction de sa villa principale à Tivoli (Italie).

Antonin le Pieux
Empereur de 138 à 161, il maintient la paix et l’Empire continue à s’enrichir. Sa réputation d’homme respectueux des dieux comme de ses ancêtres lui vaut le surnom de « Pieux ». En raison de ses qualité, on a donné son nom à cette dynastie d’empereurs.

Marc Aurèle
Empereur de 161 à 180, son règne est mouvementé : guerres aux frontières (notamment en Orient, contre les Parthes), épidémie de peste et révoltes dans certaines régions de l’Empire. Dans les dernières années de sa vie il écrit ses Pensées pour moi-même, célèbres réflexions qui s’inspirent de certains philosophes grecs et mettent en valeur le devoir, la morale et des principes de vie exigeants.

Lucius Verus
Co-empereur avec Marc Aurèle de 161 à 169, il est plus particulièrement chargé des relations avec l’armée et lutte contre les Parthes, en Syrie, avant d’intervenir sur les bords du Danube où plusieurs peuples cherchent à pénétrer dans l’Empire.

Commode
Empereur de 161 à 192, il se désintéresse du gouvernement ce qui provoque de nombreux complots et tentatives d’assassinat. Il multiplie les bizarreries : il se fait appeler Hercule et s’habille comme lui dans les cérémonies publiques, il participe à des combats de gladiateurs. Après le terrible incendie qui endommage fortement Rome, il décide certaines reconstructions et se présente comme le nouveau fondateur de la ville.

Comment devient-on empereur ?

La caractéristique dynastique principale de la lignée des Antonins est un accès au pouvoir déterminé par l’adoption. Ce principe permet de ne pas attribuer par défaut la succession à un descendant direct, mais de choisir véritablement le prince héritier de l’Empire. L’héritier sera choisi sur les qualités observées et évaluées dans la première jeunesse et en mettant en place des alliances stratégiques.

Ce principe fut instauré par Trajan, qui vit en Hadrien tous les signes du meilleur successeur possible. C’est bien l’empereur régnant, de son vivant, qui effectue le choix de son successeur, mais avec la conscience que la lignée doit perpétuer des valeurs et léguer un pouvoir. Ce principe correspond aussi à une réalité : ni Nerva, ni Trajan, ni Hadrien ni Antonin le Pieux n’eurent de fils naturel.

Ainsi, Antonin le Pieux accéda au pouvoir par son adoption par Hadrien et à la condition qu’il adopte en retour Marc Aurèle.

Le portrait officiel : pourquoi l’empereur multiplie-t-il les représentations à son image ?

À une époque où l’écrit ne s’adresse qu’à une élite, le portrait officiel sert d’instrument de propagande et s’avère l’un des éléments les plus importants de la politique impériale.

Les effigies du maître de l’Empire évoluent en fonction de son âge et s’adaptent aux faits marquants du règne.
L’exposition "l’image et le pouvoir, le siècle des Antonins" (19 novembre 2011 – 18 mars 2012) présente plusieurs portraits d’un même empereur, images d’un homme évoluant vers la maturité, images d’un homme prenant de l’ascendance sur l’armée et sur le peuple.

Le portrait obéit donc à des codes iconographiques, imposés par l’empereur lui-même, qui déterminent jusqu’à la distribution des mèches de cheveux !
Ce sont ces codes, une fois décryptés, qui vont permettre aux historiens de l’art de reconnaître tel ou tel empereur. Et les choses se compliquent lorsque l’on sait que les coiffures, les attitudes et les vêtements impériaux font naître des modes, des tendances qui seront reprises par le peuple. Cheveux tressés et chignons des impératrices et des filles de la famille impériale constituent des modèles du genre.

Quels supports pour les portraits ?

La diffusion de l’image impériale sur tout le territoire romain utilise de multiples supports, du plus prestigieux au plus commun. La monnaie, qui est au cœur de la vie quotidienne par le biais des échanges commerciaux, porte l’image des membres principaux de la « Maison impériale » et, grâce aux légendes, vante leurs mérites. Elle constitue en quelque sorte le premier média de l’histoire.

Plus rare, les médaillons pouvaient servir de cadeaux offerts aux militaires les plus compétents. Ils rappellent les succès de l’empereur à travers des scènes mythologiques, dynastiques ou politiques. Monnaies et médaillons de l’exposition pourront être observés en détail grâce à une animation interactive.

Les sculptures sont les premiers objets auxquels on pense lorsque l’on parle de portrait. En marbre ou en bronze, elles sont réalisées à partir d’un modèle, en plâtre ou argile, confectionné à Rome.

L’image impériale est aussi reproduite sur d’autres types de support, du plus spectaculaire, comme les monuments qui sont illustrés ici par un moulage d’une partie de la colonne trajanne au plus anodins comme les céramiques.

Quelle est la place des femmes ?

Véritables instruments dans les jeux d’alliances entre clans, les impératrices sont chargées d’assurer la descendance princière. Elles sont donc respectées en tant que génitrices et représentées aux côtés de leurs époux dans les monuments officiels.

Couple hors norme pour l’époque, Antonin le Pieux et Faustine l’ancienne firent preuve d’un amour profond et sincère au point qu’Antonin la fit diviniser et bâtit un temple en son honneur.
L’exposition "Limage et le pouvoir, le siècle des Antonins" (19 novembre 2011 – 18 mars 2012) rappelle combien le rôle des femmes était discret mais leur position déterminante.
De nombreux portraits féminins y trouvent leur place : impératrices, filles et nièces d’empereurs, mais aussi des représentations d’inconnues.

Pourquoi tant de portraits à Chiragan ?

Toutes les œuvres exposées au premier étage du musée proviennent de la villa romaine de Chiragan. Le domaine de Chiragan est un site antique connu depuis le XVIe siècle, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse, en bordure de Garonne, sur la route qui reliait Tolosa, la Toulouse antique, à Lugdunum des Convènes, aujourd’hui Saint-Bertrand-de-Comminges. Situé sur la commune actuelle de Martres-Tolosane, dans l’Antiquité il appartenait au territoire de la cité de Tolosa.

Il s’agit d’une luxueuse villa romaine. Lieu à vocation agricole, la villa était aussi un lieu de plaisir, où l’on pouvait exposer sa richesse et sa culture, à travers une architecture remarquable et de somptueuses décorations peintes et sculptées. Des centaines de placages de marbre témoignent de la somptuosité de la villa. Le cycle des travaux d’Hercule en marbre est un ensemble unique au monde. Les panneaux datant de la fin du IIIe siècle ont fait l’objet d’une commande monumentale se voulant à la hauteur des exploits de l’empereur Maximien Hercule, conférant à cette époque du domaine une dimension impériale.

Les historiens expliquent que la qualité des portraits et la représentation effective de si nombreux empereurs associés aux membres de leur famille serait une garantie de la présence régulière de la famille impériale dans la villa, dont la situation géographique serait fort stratégique.
Le propriétaire de la villa (certainement haut personnage en lien avec le pouvoir), vouant un culte répondant positivement à la démarche de communication ambitieuse et codifiée de l’empereur, a rassemblé une série très importante de portraits afin d’honorer l’empereur lors de ses séjours éventuels dans la propriété.

Les portraits appartenant à la collection permanente du musée Saint-Raymond, musée des antiques de Toulouse, font partie de la plus grande collection de portraits impériaux trouvés en France.