Toulouse-Lautrec et les maisons closes
Au Salon de la rue des Moulins (1)
Henri de Toulouse-LautrecAu Salon de la rue des Moulins (2)
Henri de Toulouse-LautrecLAUTREC, témoin de son temps
Comme ses contemporains, Toulouse-Lautrec s’intéresse au thème des maisons closes et de la prostitution. Il produit et expose un grand nombre d’oeuvres sur ces sujets entre 1891 et 1895.
Si la plupart des peintres de la vie moderne montrent la maison close comme un lieu de plaisir et de vices et représentent la prostituée comme un type vulgaire et vénal, Toulouse-Lautrec se démarque en donnant à voir des images sans jugement moralisateur et sans voyeurisme.
Familier des “salons”, Toulouse-Lautrec nous offre un véritable reportage sur cette société marginale. Il minimise l’aspect érotique ou vulgaire et ne mentionne que très rarement l’échange commercial et le client. Il livre les moments de la vie intime de ces femmes et décrit leur univers quotidien : l’attente, la visite médicale, le repos, la vie domestique…
Du croquis à la scène de genre : entre anonymat et individualité
Lautrec réalise sur le vif, au sein des maisons closes, des croquis et des études de petit format à l’huile sur carton et les utilise ensuite dans son atelier pour créer des compositions plus importantes, scènes de genre définies et portraits achevés, peut-être réalisés avec des prostituées pour modèle.
Les représentations ne sont ni sexuelles ni pornographiques. Les corps, banalisés, à peine modelés, sont suggérés par l’emploi de quelques tons chair ou disparaissent sous un vêtement ou un drap. Toulouse-Lautrec préfère retenir un geste, une attitude, un moment d’intimité ou de tendresse et traduire un état d’âme, parfois dans la plus pure tradition du portrait psychologique.
Les scènes sont mélancoliques, sans complaisance et les figures de Toulouse-Lautrec démontrent que toute prostituée est un être humain.
© Musée Toulouse-Lautrec, Albi (81)