Yvette Guilbert, la diva du café-concert
Gustave Geffroy, Yvette Guilbert, L’Estampe originale
Henri de Toulouse-LautrecLe divan japonais
Henri de Toulouse-LautrecYvette Guilbert
Henri de Toulouse-LautrecYvette Guilbert saluant le public
Henri de Toulouse-LautrecYvette Guilbert (Paris, 1965 – Aix-en-Provence, 1944)
Yvette Guilbert naît à Paris le 20 janvier 1865. En 1881, elle entre comme vendeuse au magasin du Printemps.
Charles Zidler, directeur de l’Hippodrome et créateur du Moulin-Rouge l’engage en novembre 1885, comme comédienne dans la tournée d’été de ses Variétés.
Yvette Guilbert se tourne peu à peu vers la chanson. En 1889, elle débute à l’Eldorado et à l’Eden mais ne parvient pas à percer. Elle s’exile un temps à Lyon puis en Belgique et change de répertoire qui lui apporte un peu de succès avec des chansons comme «La pocharde».
Elle revient à Paris en 1890 et imagine à partir d’œuvres d’art (Tête en cire attribuée à François Duquesnoy, musée des Beaux-arts de Lille et Madame Pierre Gautreau, huile sur toile de John Singer Sargent, Metropolitan Museum of Art de New-York) la silhouette que retiendront le public et la critique : longue et mince, gainée dans des robes de satin vert-nil en hiver et blanc en été, décolleté profond, bras gantés de noir et chevelure rousse.
Véritablement révélée en 1890 au Divan Japonais, elle est sollicitée dans les principaux cafés-concerts de l’époque. Après une tournée en Europe et aux Etats-Unis où elle rencontre son mari Maxime Schiller, elle rencontre Auguste Müssleck du Concert Parisien à qui l’on doit ses grands débuts. Il se laisse tenter par son personnage, silhouette distinguée se permettant par contraste un répertoire « grivois, mêlé de satire voilée, mais directe quand même » (Y. Guilbert, La Chanson de ma vie, Paris, 1927)
En 1891, acclamée par le public, Yvette Guilbert est demandée dans tous les cafés-concerts et entre aux Ambassadeurs et à La Scala. Elle se produit en vedette dans toute la France, en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis et est représentée à partir de 1893 par Toulouse-Lautrec, Leonetto Cappiello, Ferdinand Bac, Richard Scheibe, Joseph Granié (…).
En 1900, au sommet de sa gloire, Yvette Guilbert invente une nouvelle démarche publicitaire. L’architecte Xavier Schoellkopf conçoit pour elle un hôtel particulier dans le style moderne, boulevard Berthier à Paris, immeuble art nouveau démoli dans la plus grande indifférence dans les années 1950.
Gravement malade, elle disparaît durant de longues années puis remonte sur scène. En 1906, elle est au Carnegie Hall de New-York.
Au début des années 1910, elle se produit avec un répertoire nouveau, composé essentiellement de chansons françaises traditionnelles, des ballades médiévales aux couplets du XVIIIème siècle. Toujours préoccupée par l’adéquation entre sa tenue de scène et les textes qu’elle interprète, elle abandonne ses robes en satin au décolleté profond et ses gants noirs pour des robes droites et voiles de tête ou des robes à crinoline ou à panier.
Après un long séjour aux Etats-Unis entre 1915 et 1922, comme tous les artistes célèbres de son temps, Yvette Guilbert est sollicitée par le cinématographe. Elle tourne en 1924 son premier long métrage, »Les deux gosses », sous la direction de Louis Mercanton.
En 1926, elle interprète Dame Marthe dans »Faust » de Friedrich Wilhelm Murnau, film présenté par la critique dès sa sortie comme un chef d’oeuvre. »Pêcheur d’Islande » de Pierre Guerlais sera son dernier grand rôle en 1933 et »Faisons un rêve » de Sacha Guitry son ultime apparition à l’écran en 1936.
Parallèlement, elle ouvre une école de chant à Bruxelles, porte à l’écran une partie de son répertoire selon le principe des « chansons filmées », rédige des chroniques radiophoniques et publie de nombreux ouvrages dont ses mémoires.
Depuis 1926, elle entretient une intense correspondance avec Sigmund Freud qui retrouve, à Vienne, la diseuse qu’il avait entendu dans son passage à Paris.
Réfugiée dans le midi dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Yvette Guilbert meurt à Aix-en-Provence à l’Hôtel Nègre le 3 février 1944. Son mari fait transférer et inhumer son corps au cimetière du Père Lachaise à Paris en 1946.
© Musée Toulouse-Lautrec, Albi (81)