Blanche Odin
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Blanche Odin est née à Troyes en 1865. Nous savons peu de choses sur son enfance, mais sa correspondance nous apprend qu’en 1876, elle s’installe à Maubourguet avec sa mère et son père, petit rentier, et que, depuis 1877, elle va régulièrement en cure à Bagnères-de-Bigorre. Dès 1882, elle va étudier chaque année, quelques mois à Paris. Non à l’Ecole des Beaux-arts, puisque celle-ci est encore fermée aux femmes mais dans des ateliers ou des académies, femmes de toute l’Europe, et même d’Amérique, venues visiter la capitale ou s’initier aux arts plastiques.
Mère et fille habitent régulièrement dans le 6e arrondissement, quartier d’art et de culture, près du jardin du Luxembourg. Quai Voltaire, où, nous l’apprenons, elles disposent d’une chambre pour 1 franc par jour. Et, bien sûr, rue du Vieux Colombier où, en 1900, elle ouvre son atelier.
Au début de l’été, c’est à Bagnères que Blanche Odin et sa mère font leur cure, même si elles fréquentent parfois Cauterets, Luchon ou Biarritz. En 1889, Blanche vit en famille à Maubourguet où elle travaille et donne des leçons d’aquarelle à des élèves des environs. Elle envoie ses œuvres aux Salons et c’est au cours de cette période qu’elle rencontre à Paris ses premiers succès publics. Pendant ses séjours parisiens, elle travaille dans l’atelier de Mme De Cool puis dans une Académie où elle étudie le dessin tous les après-midi.
En 1894, elle écrit : « ce lundi soir 10h½ – J’ai eu juste hier le temps de poser cette date, pas davantage, car vous savez, je vous l’avais dit, c’était hier jour de mon exposition… Je vous l’ai dit : je venais de seulement poser cette date quand le monde a commencé à affluer ; je dis affluer et je dis bien, car depuis cette heure jusqu’à 5h du soir la salle d’exposition n’a pas désempli…cette journée a été pour moi un triomphe véritable sous tous les rapports. … »
En 1895, Blanche est à Paris en ce début d’année lorsqu’elle apprend la mort de son père. Elle rentre alors à Maubourguet auprès de sa mère. Toutes deux repartent à Paris au mois de juin, elles n’y resteront que 2 mois.
De retour à Maubourguet, se manifeste clairement son goût pour les roses, mais pour « certaines roses » … !
« Dans les boutons de roses que vous avez eu la bonté de m’envoyer, 2 ou 3 ont fleuri ; je les ai peints, mais j’en aurais bien voulu un peu plus. Si par extraordinaire, il y en avait encore, ayez l’amabilité de m’en envoyer mais seulement quelques-uns de « Marie Van Houtte », du « Rêve d’or » et de « Thé Safran » avec beaucoup de feuillage. »
Elle rencontrera Madeleine Lemaire, célèbre aquarelliste qui lui facilitera bien des accès ; de sorte que l’écrivain Jules Lemaitre lui demandera d’illustrer les fameux Contes blancs, édités en 1900.
Autour des années 1890, B. Odin rencontre à Bagnères-de-Bigorre le peintre et sculpteur Ulpiano Checa qui vient régulièrement séjourner avec sa femme dans une villa dont ses parents d’origine béarnaise sont propriétaires. Tous deux amoureux des techniques sur papier, considérées comme des arts mineurs, ils iront à la conquête des salons pour défendre leurs travaux comme des oeuvres à part entière. Elle entretiendra des relations amicales avec cet artiste jusqu’à sa mort.
En 1900, année de l’exposition universelle, Blanche a 35 ans. En ce début d’année, ses succès sont nombreux, elle est connue, reconnue dans les milieux artistiques et littéraires. Ses œuvres sont reçues à l’Exposition Universelle et elle est admise au Salon en mars, elle expose au Salon des Femmes peintres. Elle y vend 6 aquarelles.
Elle écrit de Paris le 28 décembre 1902
« Moi, je vais très bien et j’ai tout le travail que je désire. Mes élèves, nombreuses, sont très gentilles et me le montrent de toute façon ; je les aime donc bien et, malgré le peu de temps qu’elles me laissent, je serais privée si je ne les avais plus. »
Le 21 février 1904, elle reçoit un diplôme de médaille d’or à l’exposition nationale d’Argenteuil. La vie de Blanche se partage désormais entre Paris et Maubourguet. De nombreux diplômes conservés par le Musée Salies attestent son travail assidu et son talent.
De 1902 à 1916, l’artiste dans ses moments de flânerie à Maubourguet a su capter des petits instants d’intimité où paysages, scènes animalières et quelques portraits sont bien observés, instants aimés par l’artiste, petits coup de cœur chargés d’émotion peints dans des gammes chromatiques pastels. Pendant la période de la première guerre mondiale il existe aussi des sujets religieux d’inspiration symboliste d’où se dégage une grande tristesse comme le cimetière de Maubourguet.
De plus, trois aquarelles seront achetées par le Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts entre 1905 et 1909 pour la somme de 250Frs.
C’est dans les années 1925 que les premières aquarelles à la palette vive apparaissent notamment les Roses variées, dernière aquarelle achetée par l’Etat en 1928, pour la somme de 3000Francs. Nous pourrons noter la différence de prix des premiers achats de l’Etat, due à la notoriété de l’artiste et à la modernité technique des aquarelles qu’elle pouvait proposer.
L’arrière plan de ces aquarelles présente une tenture de tissus à décor floral, ou un rideau drapé, les bouquets s’épanouissent dans différents modèles de vase transparent, en terre, en faïence ou porcelaine chinoise. Les fleurs sont éclatantes, l’artiste maîtrise l’eau et les couleurs.
Dans les années 1934 et jusqu’à la fin de sa vie, l’artiste jouera sur un arrière plan à fond neutre. Le grain torchon du papier créera une sensation poudreuse, tout ceci par la magie d’une superposition de pigments et d’eau.
Elle s’installe définitivement au 6 rue Gambetta à Bagnères-de-Bigorre, en 1934, tout en continuant d’exposer à la galerie Georges Petit à Paris.
En 1938, sur la demande de sa mère, elle offre à la ville de Bagnères-de-Bigorre, 48 aquarelles, que nous pouvons admirer aujourd’hui.
De 1934 à 1957, les Bagnérais, curistes, touristes ont le souvenir de cette petite dame qui peignait devant sa fenêtre, rue Gambetta…
Nous pouvons affirmer que jusqu’à la fin de sa vie, Blanche Odin peindra, plus particulièrement à certains moments de la journée, pour obtenir une meilleure luminosité, puisque ses pauvres yeux étaient usés de ce « labeur » de toute une vie.
En effet, ses yeux avaient vu tant d’intensités de couleurs, tant de travail de précision, qu’à la fin du quatre vingt douzième été, ils avaient de grandes difficultés de concentration.
Blanche Odin, notre muse de l’aquarelle meurt à Bagnères-de-Bigorre le 3 Août 1957.
Parmi toutes ses fleurs qui lui ont été commandées, elle restera l’unique, la seule force de couleur, le seul parfum, elle est l’Essence même de ses œuvres.
Paul Cardeilhac dans son éloge sur Blanche Odin, pour le dixième anniversaire de sa mort en 1967, parle de ses fleurs : « La fleur symbole de pureté, jeunesse, splendeur et délicatesse, à tout moment nous ravit, nous console. Elle est : « dit le poète : la fille du matin, le charme du printemps, la source des parfums. », le temps d’un rêve.