Jean-Auguste Dominique Ingres
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Jean-Auguste Dominique Ingres naît à Montauban le 29 août 1780, faubourg du Moustier, au numéro 50 « Maison Déjean », sur la ruelle Mourancy. L’immeuble a aujourd’hui été démoli, mais une plaque commémorative témoigne sur la nouvelle maison de cette illustre naissance. Son père, Jean-Marie Joseph Ingres, né à Toulouse, mais de mère montalbanaise, est sculpteur d’ornements. Il a épousé Anne Moulet, d’origine quercinoise, en 1777. Celle-ci lui donnera six enfants, dont deux meurent en bas âge. Seul l’aîné, Jean-Auguste Dominique, compte aux yeux de son père qui ne ménage ni son temps ni ses attentions pour celui qui allait devenir l’un des plus grand peintre de son temps. À cette époque, sa famille aime à l’appeler simplement de son premier prénom, Jean et plus familièrement Ingrou.
Le temps des études
Son père, reconnaissant très tôt le talent de son fils, lui dispense les premiers enseignements à l’Académie des Beaux-Arts de Toulouse où Ingres est admis à l’âge de onze ans. En même temps, il étudie la musique et devient second violon dans l’orchestre de Toulouse. Ses professeurs, le peintre Joseph Roques, le paysagiste Jean Briant et le sculpteur Jean-Pierre Vigan, qui l’héberge dans sa maison, l’encouragent, avec son père, à continuer ses études à Paris où il arrive en 1797, dans l’atelier de David, avec le certificat qu’ils ont signé : “ce jeune émule des arts honorera un jour sa patrie par la supériorité des talents qu’il est très près d’acquérir”. Il tente ensuite le Grand Prix de Rome, concours difficile, mais qui constitue la voie d’accès la plus prestigieuse aux grandes commandes de l’État. Il l’obtient à la seconde fois, en 1801. Cependant, l’époque troublée ne lui permet pas de rejoindre la Ville Éternelle avant 1806. Les lauréats du Grand Prix de Rome sont accueillis dans la Villa Médicis, splendide palais renaissance romain, acquis par Napoléon Bonaparte et où Ingres va demeurer jusqu’en 1810. Il y découvre Raphaël et le Quattrocento italien qui vont marquer son style à jamais.
Ses premières œuvres
Les premiers tableaux d’Ingres ne plaisent pas en France. L’artiste décide donc de rester en Italie où il se marie, en 1813, avec Madeleine Chapelle, une jeune et jolie modiste venue tout exprès de Guéret pour le rencontrer. Durant ces mêmes années, il porte à son sommet le genre du portrait dessiné. Le grand succès de ses dessins auprès de la bourgeoisie française et anglaise installée à Rome, lui permet de subvenir aux besoins de son jeune ménage. Mais la chute de l’Empire, des difficultés économiques et des ennuis de santé ouvrent pour Ingres une période assez misérable. En 1820, le peintre, suivant les conseils de son ami, le sculpteur Bartolini, quitte Rome pour Florence où il travaille avec acharnement pendant plus de trois ans à son grand projet : « Le Voeu de Louis XIII » , que l’État français, via le préfet de Montauban, lui commande pour la cathédrale de sa ville natale où on peut toujours l’y admirer.
Le retour triomphal à Paris
La présentation de ce tableau au Salon de 1824 fut unanimement saluée, y compris par la jeune école romantique conduite par Delacroix.
Encouragé par ce succès, Ingres décide de revenir à Paris où le tableau qu’il peignit pour un plafond du Louvre « L’Apothéose d’Homère » connut la même réception enthousiaste trois ans plus tard. Honneurs et distinctions accompagnent cette période. Mais après l’accueil très mitigé réservé à son « Martyre de Saint-Symphorien » auquel il avait travaillé pendant près de dix ans, l’artiste demande le poste de Directeur de l’Académie de France à Rome où il arrive l’année suivante.
Le second séjour romain et les dernières oeuvres
Durant son directorat (1835 – 1841), Ingres peignit peu, s’occupant principalement de la gestion et de la restauration de la Villa Médicis en créant, entre autres, une bibliothèque et un cours d’archéologie.
Six ans plus tard, de retour à Paris, l’artiste entreprit de se lancer dans ce qui devait être l’un de plus vastes chantiers de sa carrière : la décoration peinte de la Galerie du château de Dampierre pour le duc de Luynes. Mais en 1847, la mort de sa femme le plonge dans le plus grand désespoir ; la révolution de 1848 ensuite le conduit à abandonner ce travail sans avoir terminé la première des peintures qu’il avait prévu de réaliser : « L’Âge d’or ».
Trois ans plus tard, Ingres se remarie avec Delphine Ramel qui lui est présentée par des amis. S’ouvre à nouveau, une période très active pour lui, qui va durer jusqu’à la fin de sa vie. Il réalise d’admirables portraits, dont celui de « Madame Gonse » conservé au musée Ingres. De plus en plus souvent, élèves et collaborateurs l’aident. Néanmoins, c’est seul qu’il peint son plus célèbre tableau, « Le Bain turc » (1863, musée du Louvre). Cette œuvre aura une influence considérable sur toute sa postérité, jusqu’à Picasso qui s’en inspirera pour une série de gravures restée célèbre.
Ingres meurt en peine gloire, le 14 janvier 1867, au terme d’une longue et brillante carrière faisant le lien entre le néo-classicisme de ses origines et l’académisme de la fin du XIXe siècle.
Son génie le préserve des classifications trop rigides et lui attire, au début du XXe siècle, l’admiration des “modernes” : Degas, Renoir, Matisse et Picasso, fascinés par ses déformations et la pureté de sa ligne graphique… Sa virtuosité et sa maîtrise du détail, du rendu d’une étoffe ou d’un bijou enchantent toujours autant ceux qui regardent et apprécient ses tableaux.
Mais c’est comme dessinateur qu’Ingres fait l’unanimité, figurant parmi les plus grands maîtres de tous les temps, tel un Léonard de Vinci ou un Raphaël. Ses dessins font la gloire et la richesse du musée de Montauban, qui a hérité de son fonds d’atelier et compte 4 507 feuilles de sa main. L’artiste avait certainement été conseillé pour ce geste par ses amis montalbanais Gilbert et Cambon qui avaient bien su mettre en valeur les témoignages d’estime de la ville à son compatriote, tel que l’appellation d’une rue Ingres dès 1844, du vivant de l’artiste.
Ingres est aujourd’hui enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, loin de sa terre natale, mais le musée de Montauban conserve intact le souvenir de son talent. Si l’artiste n’eut pas la joie d’avoir des enfants – le seul qu’eut Madeleine mourût à sa naissance – il laisse une expression indélébile dans la langue française : le fameux “violon d’Ingres”, synonyme de passe-temps favori. Celle-ci fut inventée au cours d’un dîner par le gendre de Théophile Gauthier, ami et critique d’Ingres : Émile Bergerat.