Jules Cambos
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Portrait, huile sur toile, par Jean-François Batut – Musée Goya, Castres, N) Inv. 03-1-5
Il y a 150 ans, le 27 avril 1828, naissait à Castres Jean Jules Cambos, fils de Jean-Baptiste Cambos et de Rose Gleyzes, domiciliés rue du Moulin.
Admis le 31 mars 1853 à l’école nationale des beaux-arts de Paris, il y fut pensionné par le département du Tarn. Il y reçut les leçons du sculpteur François Jouffroy, membre de l’Institut et Chevalier de la Légion d’honneur.
Il commença à exposer en 1857 au Salon unique ; il exposa ensuite au Salon des Champs-Élysées et, à partir de 1904, au Salon des Artistes français. Il fut vite remarqué : dès 1859, sa statue en plâtre de Loïs attira l’attention, de même qu’en 1861, une autre statue en plâtre, Andromède, et en 1864, La Cigale lui valut un grand succès et une médaille. Il reçut une autre médaille en 1866, et, à l’exposition universelle de 1867, où figurait, en marbre, La Cigale, une médaille de 3ème classe fut attribuée à l’artiste.
Sa réputation était faite, et la mention qu’il obtint en 1893 au Salon des Champs-Élysées, n’y ajouta rien. En juillet 1881, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur ; de 1886 à 1907, il fut plusieurs fois membre du jury du Salon pour la sculpture, notamment lors de l’exposition universelle de 1889.
Jules Cambos vécut largement des commandes officielles et des achats de l’État. Le Ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts le chargea d’exécuter, pour les galeries de Versailles, les bustes en marbre du général Auger et d’Alfred de Vigny. Il fit le buste en marbre de la Guimard pour l’académie nationale de musique. Il tailla dans la pierre une statue de Sainte Solange pour la cathédrale de Nevers et un Ezéchiel pour la façade principale de l’Eglise Saint Ambroise à Paris. Il fit les bustes de Louis XIV pour la bibliothèque nationale, d’Henri IV, de Gambetta, de Mirabeau. Son buste colossal du maréchal Soult fut exposé à Albi en 1863.
L’État lui acheta en 1865 le marbre de La Cigale et donna, le 7 janvier 1880 au musée de Castres la statue de La Paix. Castres acquit pour 3 000 F, en 1895, Le Retour du printemps, en marbre, qui avait figuré à l’Exposition universelle de 1889 et aux expositions de Chicago et d’Anvers. A l’époque, c’était une somme importante.
Jules Cambos fit des dons à la ville de Castres. « Castres », nous dit Portal (« Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Tarn »), « conserve dans son musée le plâtre coloré de La Femme adultère, La paix, plâtre, et des réductions en terre cuite des moulages de La Cigale, de Lydia, de La Poésie, des bustes de Louis XIV et de Henri IV, les bustes marbre de Frédéric Thomas et de Léopold Batut »
Le 17 septembre 1879, le conseil municipal de Castres décida d’offrir à Jules Cambos une couronne d’or « en raison de ses mérites artistiques et du don de plusieurs de ses œuvres au musée » et vota à cet effet un crédit de 300 francs.
En 1891, l’administration municipale de Castres lui confia d’importants travaux sur la façade du collège (actuel collège Jean Jaurès) : cariatides, chapiteaux, armoiries de la ville, palmes, le tout au prix de 6 000 francs.
Le talent de Jules Cambos a été reconnu et apprécié de son vivant. Rendant compte du Salon de 1879, Th. Véron écrivait : «de Cambos, La Paix (« semant de l’or, des fleurs et des épis » Béranger), fort belle statue plâtre aux bras ouverts dans un mouvement gracieux, et les mains pleines de richesses. L’expression de ce charmant visage est heureusement trouvée. C’est bien là la physionomie douce, aimable et souriante de la noble et sainte Paix ».
Charles Portal a essayé de caractériser l’art de Jules Cambos : « Le caractère de son œuvre considérable semble condensé dans La Cigale qui, à un symbolisme de haute moralité joint le charme d’une interprétation à la fois pittoresque et touchante ».
Jules Cambos fut un sculpteur de grand renom et d’incontestable talent. Le nom de la rue « Jules Cambos » (perpendiculaire à l’avenue Charles de Gaulle) est un témoignage de reconnaissance envers un artiste qui honore sa ville natale. Ainsi est prolongée la reconnaissance que les Castrais lui manifestèrent il y a cent ans par une couronne d’or ; ainsi est gardé que le nom de ce Castrais ne sombrât dans l’oubli et dans l’indifférence.
(Henri Maynard in Sud Tarn, n° 15-16 déc. 1978)