Tête de dvârapâla
Art d’Asie du Sud Est
• L’art khmer
L’expression "art khmer" s’attache plus spécifiquement à l’art du Cambodge de la fin du VIème siècle à la fin du XIVème siècle. Au cours de cette période, les grands ensembles architecturaux et la statuaire khmers servirent de modèles aux pays voisins, qui devinrent la Thaïlande, le Laos et le Viet-Nam. Les seuls monuments khmers encore visibles, sont des sanctuaires, demeures sur Terre des divinités. Ils étaient destinés au culte des parents et au culte de la divinité protectrice du royaume. Bouddhisme et hindouisme – surtout shivaïsme – ont toujours coexisté avec, selon les périodes, la prédominance de l’un ou de l’autre. De manière générale, une bonne entente régnait entre ces religions, allant parfois jusqu’au syncrétisme, non seulement au sein de l’hindouisme, mais également entre hindouisme et bouddhisme.
Le pays fut unifié au début du IXème siècle. C’est Jayavarman II, qui, le premier, fonda la royauté angkorienne et en 802, se fit sacré "souverain universel". Ce roi de religion shivaïte, posa les bases d’Angkor et instaura le culte du Dieu-roi. Le symbole de cette union entre le roi et la divinité fut souvent représenté par le linga de Shiva. Si Jayavarman II fut à l’origine des fondements religieux de la monarchie, c’est à son successeur, Indravarman I, que l’on doit l’aménagement du système d’irrigation, sans lequel Angkor n’aurait pu exister. Son fils et successeur Yasovarman, créa la première Angkor et fit édifier, au début du Xème siècle, le temple–montagne du Bakheng, représentation du mont Méru, centre de l’Univers et séjour des dieux dans la cosmologie indienne, au sommet duquel était vénéré le linga. Angkor fut ensuite abandonnée pendant vingt ans avant que les rois n’en fassent à nouveau leur capitale.
• La Thaïlande
Le Siam (ancien nom de la Thaïlande) fut constitué au XIIIème siècle par des Thaï qui avaient envahi peu à peu les anciens états implantés en différents endroits de ce territoire. Ces états "pré-thaï" possédaient un art qui fut, au départ, fortement influencé par le modèle indien, et qui, au fil du temps, s’inspira davantage des arts khmer et indonésien. Ce ne fut qu’au milieu du XIIIème siècle que naquit, avec la formation du royaume de Sukhôtai, un art proprement thaïlandais qui fut le plus original et le plus brillant de cette nouvelle nation.
Au XIIIème siècle, après le renversement du gouverneur khmer de Lopburi par les Thaï du Sud, les trois plus puissants chefs thaï des régions Centre et Nord du pays, scellèrent un accord qui permit le développement du royaume de Sukhôtai. Ce territoire avait été occupé par des Môn dont l’art avait pris comme référence, le style et l’iconographie bouddhique de l’Inde de l’Est. Lorsque les Thaï fondèrent le royaume de Sukhôtai, ils voulurent dans un souci de vérité, retourner aux origines de ces représentations bouddhiques indiennes. Mais cette région de l’Inde était alors occupée par les Musulmans qui avaient éradiqué toute trace du bouddhisme. Pour retrouver les sources de leur religion, les souverains de Sukhôtai durent donc se tourner vers le Sri Lanka où fleurissait le bouddhisme hînayâna qu’ils adoptèrent. L’architecture en bois, probablement décorée, n’a pas survécu et c’est à travers la statuaire que l’on peut définir le style classique de Sukhôtai. Conformément aux critères de cette école bouddhique, l’esthétique des œuvres de Sukhôtai traduisait la volonté des artistes de représenter le Buddha tel qu’il apparaît à travers les textes, c’est-à-dire dépouillé de toute matérialité.