Peintures XIXe siècle
Tu Marcellus eris
Jean-Auguste Dominique IngresHercule et Diomède
Antoine-Jean (baron) GrosMoulay Abd-Er Rahman sultan du Maroc sortant de son palais de Meknes
Eugène DelacroixAnacréon, Bacchus et l’Amour
Jean-Léon GérômeLa Halte forcée
Alexandre AntignaL’Etoile du Berger
Camille CorotLes principaux mouvements picturaux de l’art français du XIXe siècle sont représentés, du néoclassicisme au réalisme. Une mention spéciale doit être consacrée à l’art des années 1870-1914 – dépôts de l’État ou acquisitions municipales – une période qui reflète bien la vitalité artistique entre académisme et modernité de la fin du siècle.
Héritage néo-classique
Hennequin, Ingres, Langlois ou Gros, tous élèves de David, illustrent bien la permanence du style néo-classique dans la peinture du premier XIXe siècle. Permanence mais encore vitalité extraordinaire, l’influence de David perdurant plus forte que jamais après 1815 et l’exil imposé par Louis XVIII au chef de file de l’école française, ancien conventionnel inscrit sur la liste noire des régicides.
Si depuis l’exil et jusqu’à sa mort en 1825, David continue de gouverner les arts c’est en grande partie du fait de ses élèves. Pas moins de deux-cents artistes passent en effet par son atelier – dont la direction en 1815 est confiée à Gros – et étendent l’influence de leur maître à travers toute l’Europe.
Le Tu Marcellus Eris (1811-1820) d’Ingres comme la Générosité d’Alexandre (1819) de Langlois s’inscrivent dans la plus pure tradition davidienne. Ils illustrent des sujets littéraires classiques, véritables exemples de vertus tandis que leur style est tout empreint de cette « noble simplicité et sereine grandeur » dont parle Winckelmann.
Génération romantique
Avec Romain Cazes, Eugène Delacroix et même Louis Duveau s’écrit le temps de la réaction, de la remise en cause de la doxa davidienne. Une véritable critique des modèles et des sources du néo-classicisme se fait jour.
La vision de l’Antiquité, donnée par la peinture et par l’enseignement de David, semble rejetée.
Avec son Âme exilée (1838), Romain Cazes, élève d’Ingres, donne à comprendre le choc que fut pour son maître, ancien élève de David, la découverte de Rome, de la peinture du Quattrocento et de Raphaël. Moulay Abd-er-Rahman, sultan du Maroc sortant de son palais de Meknès, entouré de sa garde et des ses principaux officiers (1845) illustre l’étonnement d’un Delacroix qui, au Maroc en 1832, pense également avoir retrouvé la véritable Antiquité, celle que les davidiens n’avaient pas vue.
Plus qu’une Antiquité idéale c’est un ailleurs tout empreint de nouveauté que recherche cette génération d’artistes. Le voyage, souvent plus lointain qu’auparavant, le recours à des sujets historiques, cette fois empruntés au Moyen-âge et à la Renaissance, tout comme le primat donné à la couleur sur le dessin, donnent forme à une véritable rénovation des arts.
Réalisme et académisme
La Halte forcée d’Antigna, vivant témoin de l’esprit de 1848, cher à Courbet, s’expose au Salon de 1855, l’année même où Courbet publie son manifeste du Réalisme en préface à son exposition personnelle.
Corot (L’Étoile du Berger, 1864) et Courbet (Le Ruisseau du Puits-Noir, vers 1865) incarnent le renouveau du paysage.
Jean-André Rixens (La Mort de Cléopâtre, 1874), Jean-Joseph Benjamin-Constant (Entrée de Mahomet II à Constantinople le vingt-neuf mai 1453, 1876), Édouard Debat-Ponsan (Le Massage au Hammam, 1883) mais aussi Jean-Paul Laurens (Saint Jean Chrysostome et l’Impératrice Eudoxie, 1894) et Henri Martin (Portrait de Madame Sans, 1894), tous élèves de Jules-Joseph Garipuy, ont pu être regroupés sous l’étiquette d’École toulousaine de peinture. Ils illustrent différentes facettes de l’académisme fin de siècle. Ainsi s’occupent-ils de grands décors – tous interviennent au Capitole –, de portraits mondains mais également de peinture orientaliste. En cela, ils se distinguent à la fois de leurs prédécesseurs romantiques – qui ont souvent montré dans leurs sujets orientalistes comment élever l’anecdote contemporaine, observée sur le vif, au rang de la « grande peinture » – et de leurs contemporains voués au réalisme.
Zola, en 1866, pour exalter la force de Courbet, se moque des orientalistes, auteurs d’une peinture à grand spectacle, et aveugles selon lui à la réalité. Orientalistes de la dernière génération, ils sont moins les héritiers de l’Orient rêvé par Ingres et du voyage de Delacroix que de l’académisme de Delaroche et de Gérôme (Anacréon, Bacchus et l’Amour, 1848).
Modernité
En 1863, le Figaro publie un essai de Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne, qui appelle artistes et critiques à comprendre et transcrire l’essence d’une société contemporaine, ne ressemblant plus en rien à celle des siècles précédents, plutôt qu’à imiter les artistes du passé.
Cet avertissement peintres et critiques se l’approprient. Ils l’écoutent d’autant mieux que les romans de Flaubert, de Zola, sont autant de tableaux de la vie moderne, justes, minutieux et méthodiquement documentés.
L’art moderne de la fin du siècle au musée est représenté par quelques chefs-d’œuvre d’Édouard Manet (Marguerite de Conflans, vers 1875-1877), Berthe Morisot (Jeune fille sur un banc, 1893) ou Édouard Vuillard (Sous les arbres du pavillon rouge, entre 1905 et 1907). Le musée peut s’enorgueillir d’une belle série d’œuvres d’Henri de Toulouse-Lautrec entrée grâce à la générosité de sa mère et de son biographe, le peintre François Gauzi, (La Conquête de passage, 1896). Ces œuvres en s’opposant aux toiles académiques de la même période, soulignent la diversité des approches artistiques de la fin du XIXe siècle.
© Musée des Augustins, Victor Hundsbuckler.