Pourquoi un musée du Marbre à Bagnères…
Dès l’Antiquité, les Romains travaillaient le marbre, lors de travaux dans la ville des vestiges de piscines, ainsi qu’un superbe autel votif en marbre blanc dédié aux nymphes des eaux thermales bagnéraises, exposé au musée du marbre de Salut.
AUTEL VOTIF MARBRE AVEC ÉPIGRAPHE :
NYMPHIS
PRO. SALU
TE. SVA. SE
VER.SERA
NUS.V.S.L.M
Traduction : Severus Seranus, a acquitté volontiers envers les Nymphes, le vœu qu’il avait formé pour sa guérison.
Une promenade de nos jours dans la ville thermale de Bagnères-de-Bigorre nous rappelle la présence de l’emploi du marbre dans son architecture ; d’ailleurs dés 1698 un curiste, Michel Bégon décrit la cité Bagnéraise dans ces termes : « Il y a ici plusieurs ouvriers qui s’occupent à polir le marbre, qui est ici si commun qu’on s’en sert pour tous les bâtiments, principalement pour les portes et les fenestres ; les Estrangers en emportent pour faire des ornements de cheminée, ce sont ordinairement des boules ou des pyramides, j’en ai plus de vingt sortes. »
De nombreuses carrières aux portes de la ville :
Bagnères-de-Bigorre, une ville entourée de carrières, où le marbre bréchique du petit village d’Asté, peut être admiré sur le tympan du porche de l’église Saint-Vincent et sur le porche d’une très belle maison rue du cloître Saint-Jean.
Le marbre gris exploité dans les carrières du vallon de Salut était travaillé sur l’entourage des portes et des fenêtres, le marbrier s’amusait à le boucharder afin de créer effets de contrastes sur certains éléments architecturaux, parties lisses, (non bouchardées), et d’autres bouchardées donnant un aspect granuleux. Les Grands Thermes, créés entre 1823-1828, dont la façade est de style Néo-classique sont en marbre gris extrait de la carrière de Salut. En 1838, dans son voyage aux Pyrénées Monsieur Bertrand dit : « Les Pyrénées ne possèdent encore rien qui lui soit comparable. Corniches, fenêtres, escaliers, façade tout est en marbre… »
Et enfin, la carrière de l’Espiadet, où l’on a extrait les fameux marbres de Campan. En effet le Campan et ses couleurs eurent leurs heures de gloire auprès du roi Louis XIV, le château de Versailles présente un bel éventail de marbres pyrénéens.
Bagnères-de-Bigorre au XIXè siècle, l’âge d’or du marbre :
Tous les guides touristiques de l’époque engagent les curistes à visiter les ateliers de sciage de marbre de l’entreprise Géruzet, considérée comme « la première en tête de l’industrie des marbres en France et même en Europe », Gandy et Péré 1882. En 1836, Aimé Géruzet développe considérablement l’activité : 17 carrières sont exploitées. La scie mono lame cèdera sa place à 8 châssis de 20 lames travaillant nuit et jour.
En 1856, Léon Géruzet, le fils d’Aimé développe la gamme des produits marbriers. Il ajoute aux cheminées : meubles, revêtements, monuments, bassins et fontaines, mobilier religieux (fonts baptismaux, bénitiers, autels..) et grâce à l’installation de tours, des colonnes et chapiteaux, mais aussi des objets décoratifs : pendules, vases, coupes, écritoires, pyramides, règles, cendriers… Ses magasins d’exposition très en vogue donnent à sa marbrerie une grande notoriété. Début XXè, la concurrence des industriels Belges et Italiens de Carrare se ressent en raison du développement des chemins de fer. Enfin, le choc de la Grande Guerre essouffle l’activité marbrière de la ville.
Naissance d’un musée du Marbre à Bagnères-de-Bigorre :
Le musée du marbre a été créé pour rendre hommage à tous ces hommes qui, de la roche brute arrachée à la montagne jusqu’aux marbres polis de Versailles et d’ailleurs, ont œuvré à la mise en valeur de cette noble matière.
En 2002, trois hommes vont souhaiter la création d’une superbe vitrine marmoréenne : Philippe Mayoux, conservateur du muséum d’histoire naturelle de Bagnères, Jacques Dubarry de Lassale, donateur de 320 échantillons de marbre et Rolland Castells, maire de Bagnères-de-Bigorre. Jacques Dubarry de Lassale, ébéniste d’art, aux origines Gersoises, s’est posé de nombreuses questions lors de travaux de restauration de mobiliers. En faisant de nombreuses recherches, il s’aperçut très vite qu’il n’existe pas un véritable ouvrage sur les marbres et les carrières. Ce constat entraîna une quête de 4 années, pendant lesquelles il découvrit des anciennes carrières et exploitants pour aboutir à la publication d’un ouvrage : « Identification des marbres», édité en mars 2001, par H. Vial. Parallèlement, il réunit une collection de 320 échantillons dont la qualité et la dimension permettent une identification du marbre très précise, contrairement aux collections du XIXè siècle qui ne présentaient que de minuscules carreaux.
Pour accueillir cette fabuleuse collection, existait un lieu idéal, celui des Anciens Thermes de Salut, véritable palais de marbre, où dallages, baignoires, galerie thermale, perron et buvette rappellent le savoir-faire marbrier.
Une collection pyrénéenne et européenne :
La collection est présentée dans les locaux rénovés des anciens thermes de Salut. Elle comptait à l’origine 320 échantillons de marbres pyrénéens et européens. Une collection qui ne cesse de s’enrichir au fil des donations.
Cabine présentant différentes brèches : Médous, Beaudéan, Asté et le Bénou…
La galerie thermale dessert les anciennes cabines où l’on voit encore les anciennes baignoires en marbre ; c’est dans cette partie du bâtiment que sont exposés 170 marbres pyrénéens. La quasi-totalité des carrières, du Pays Basque sud jusqu’au Languedoc est représentée.
C’est la seule collection exposée en France. La précision des identifications, la diversité, le nombre et la taille des échantillons en font l’une des plus belles que l’on puisse voir en Europe (et probablement dans le monde).
Cette exceptionnelle collection, fruit de l’expertise et de la passion de Jacques Dubarry de Lassale a été donnée au Musée de marbre de Salut à Bagnères-de-Bigorre. On y voit soigneusement polis, les plus beaux exemplaires de chaque carrière et leurs différentes variétés.
Au musée du marbre de Salut :
découverte de la Galerie thermale et ses marbres pyrénéens, découverte des marbres français : Mayenne, Nord de la France, Provence, Alpes et Jura, des pays européens : Belgique, Espagne, Grèce, Italie et Portugal et du Moyen-Orient : Algérie, Turquie, Tunisie, Egypte…
La découverte d’un atelier de marbrier, ses outils, de photos des carrières Pyrénéennes et carriers, nous remémore le travail du marbre.
Des objets décoratifs en marbre de l’antiquité à nos jours : autels votifs Romains, encriers, presse-papiers, coupes, cheminées, et de nombreux éléments architecturaux provenant des fouilles archéologiques de la villa gallo-romaine de Pouzac, donnés par l’Association Moran. D’ailleurs, nous pouvons noter que de nombreux éléments architecturaux en marbre prouvent l’utilisation de la carrière de l’Espiadet, (seuil de porte retrouvé en Campan) et celle de Saint-Béat, marbre très saccharoïde.
Dernières acquisitions : une superbe table de 1930 de la Grande Poste du Capitole de Toulouse en marbre ariégeois appelé Grand Antique, une fontaine 1900 en marbre gris des Pyrénées, le tympan en Lumachelle de Lourdes de l’église Anglicane de Bagnères-de-Bigorre.