Le pont Neuf à Toulouse
Painting / Sculpture
Chronologie
Technique
Dimensions
Statut administratif
Numéro d’inventaire
Ce tableau, que son ancien propriétaire attribuait à Pierre Joseph Wallaert et que Robert Mesuret hésitait à attribué à cet artiste ou à Pietro Belloti, est une des rares vues connues de Toulouse à la fin du XVIIIe siècle. Il offre une évocation très pittoresque de la vie au bord de la Garonne, artère vitale où se côtoient de nombreuses activités. On peut aussi y voir un certain nombre des monuments et aménagements réalisés à Toulouse entre la Renaissance et les Lumières.
Sur le port de la Daurade, aménagé avec ses quais entre 1766 et 1777, des lavandières nettoient leur linge dans le fleuve où étaient aussi amarrés de nombreux bateaux-lavoirs que l’on ne voit pas ici. Dans le lit du fleuve, on aperçoit quelques bateaux longs et étroits à fond plat, les sapines ou gabarres, manœuvrées à l’aide d’une voile et d’une longue rame-gouvernail et destinées au transport des marchandises. La Garonne était en effet navigable depuis Boussens, en amont de Toulouse, jusqu’à l’Atlantique.
Le lit du fleuve est encore encombré par les restes des piles de l’ancien pont couvert ou pont de la Daurade, construit au XIIe siècle et maintes réparé ensuite. Ces piles n’ont été enlevées que durant les années 1950 afin de faciliter l’écoulement des eaux en période de crue…
Derrière, au centre du tableau, l’emblématique pont Neuf, construit de 1544 à 1632, montre son système de réverbères suspendus fonctionnant à l’huile, installé en 1783. Sur la rive gauche (ici à droite) l’arc de triomphe, non prévu à l’origine et édifié à partir de 1642, marquait, pour les gens venant de Gascogne (rive gauche), l’entrée solennelle dans la ville et surtout dans la province de Languedoc (rive droite). Sa partie centrale, du côté de la ville, abritait une statue équestre de Louis XIII sculptée par Pierre Affre. Génant par trop la circulation sur le pont Neuf, qui fut longtemps le seul pont sur la Garonne à toulouse, il a été démoli durant les années 1860.
Sur la droite, les bâtiments de l’Hôtel Dieu ont été profondément remaniés à la fin du XVIIe siècle et le seront encore dans les siècles qui suivront.
On distingue également à l’arrière plan à gauche la flèche primitive en bois de l’église de la Dalbade, qui fut abattue en 1794, durant la Révolution. Elle surmontait un clocher construit en 1555 par Nicolas Bachelier qui s’est ensuite effondré en 1926.
Enfin, dans le fond du tableau, les coteaux au sud de Toulouse, actuels quartiers de Pech-David et Pouvourville, sont dépourvus de toute trace d’urbanisation, si ce n’est deux moulins à vent.
Notons pour finir que l’artiste, qui avait manifestement connaissance des projets de l’architecte Hardy, a anticipé sur l’achèvement de l’église Notre-Dame la Daurade, à gauche, dont les travaux durèrent de 1773 à 1838 et qui était donc encore en chantier lorsque cette peinture fut exécutée (Wallaert est mort vers 1812). De surcroît, les colonnes en façade, prévues dès l’origine, ne furent installées qu’en 1883. Cet anachronime nous donne donc à voir sur le même tableau deux monuments qui n’ont jamais coexisté sur les bords de Garonne.