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Les armures japonaises

Il est difficile de dater de manière exacte l’apparition des armures au Japon. Les premiers témoignages attestant de leur emploi se trouvent sur des haniwa -cylindres de terre cuite à destination funéraire- datant du IVème siècle de notre ère représentant des guerriers coiffés d’un casque à visière et vêtus d’une cuirasse dont on distingue les plaques articulées.
Armure

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Musée Georges-Labit
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Il est difficile de dater de manière exacte l’apparition des armures au Japon. Les premiers témoignages attestant de leur emploi se trouvent sur des haniwa -cylindres de terre cuite à destination funéraire- datant du IVème siècle de notre ère représentant des guerriers coiffés d’un casque à visière et vêtus d’une cuirasse dont on distingue les plaques articulées. Cet assemblage de petites plaques restera une constante tout au long de l’histoire des armures japonaises dont les formes varieront peu jusqu’au XVIème siècle date de l’introduction des armes à feu et des modèles occidentaux.

Les armures du Japon ancien

Les armures du Japon ancien étaient de deux types dénommés tankô et keikô.. L’apparition des armures dites “de type classique” date de l’époque de Heian (794 – 1185), elles proviennent en droite ligne des keikô anciennes. En fonction de leur forme ces armures furent classées en trois catégories : les ôyoroi -grandes armures- portées par les guerriers de haut rang, les dômaru et les haramaki, cuirasses souples réservées aux hommes de troupe. Les ôyoroi sont l’exemple le plus représentatif des armures traditionnelles japonaises. Destinées à des archers à cheval muni d’un arc dont la taille dépassait celle du guerrier, elles devaient à la fois protéger le cavalier et ne pas gêner ses mouvements. Elles étaient le plus souvent constituées d’un casque kabuto, d’une cuirasse dô et de grandes épaulières ôsode. Le casque était composé de plaques de fer rivetées, il possédait une protection de cou et deux grandes ailes de côtés fukigaeshi qui constituaient des écrans pour le visage et la gorge lorsque la tête était baissée. La cuirasse, recouvrant le torse, était complétée par un tablier fendu kusazuri fait de plusieurs plaques de fer. Les épaulières de forme rectangulaire, ainsi que les deux plaques fixées sur la poitrine protégeaient le côté exposé lorsque le bras tenant l’arc était tendu.

Evolution des armures

A la fin de l’époque de Heian les armures furent considérées comme de véritables œuvres d’art et révélèrent les goûts de l’aristocratie militaire. Composées de différents matériaux, fer, cuir, textile, argent, or…, ornées d’un décor somptueux, résultat d’une association complexe de techniques artisanales typiquement japonaises, elles étaient également un moyen pour les guerriers de faire montre de leur puissance. Les ôyoroi destinées essentiellement aux combats singuliers, continuèrent d’être portées par les guerriers de renom jusqu’aux environs du XVème siècle. Mais différents changements intervenus dans l’art de la guerre rendirent obligatoire quelques modifications. L’usage des combats groupés nécessita la fabrication d’armures légères permettant des déplacements rapides. Les cuirasses souples dômaru et haramaki réservées à l’origine aux simples soldats furent désormais adoptées par les officiers. A la fin du XVème siècle des guerres intestines secouèrent le pays. Les attaques d’archers à cheval firent place à celles de fantassins équipés de lances. Les armures, appelées alors tôsei gusoku, devinrent plus simples, elles eurent toutes une forme identique découlant directement de celle des dômaru anciennes. L’introduction des armes à feu au XVIème siècle entraîna des changements plus marqués dans les tactiques militaires et donc dans la fabrication des armures. Dans un souci de protection renforcée elles furent réalisées en plaques d’acier épaisses à l’épreuve des balles. Plus solides et plus couvrantes ces tôsei gusoku étaient pour la plupart copiée sur les modèles occidentaux. Les grandes pièces de côté du casque, ainsi que le tablier, furent gardés symboliquement. Mais toute une série d’accessoires fut mise au point : la mentonnière couvrant les joues hôate, le brassard en cotte de maille kusari-kote, le protège mains tekô, les cuissardes haidate, les jambières suneate.

La période d’Edo (1603–1868) : les armures de parade

A partir de l’époque d’Edo on continua à fabriquer des armures, principalement des tôsei gusoku. Seuls quelques samouraï de haut rang firent encore fabriquer des armures à l’apparence guerrière mais en général l’armure ne fut plus utilisée que pour les parades et les cérémonies. Le fer et l’acier lourd furent remplacés par des matériaux plus légers. Toutes les armures conservées au musée sont des armures de parade réalisées avec un soin extrême dans la tradition japonaise des armures de combats alliant le raffinement des matériaux à la symbolique des couleurs, l’élégance des formes et la précision des techniques ancestrales. Elles sont composées d’une cuirasse en deux sections nimaidô, et d’un tablier normalement constitué de sept pans, suspendue à la cuirasse. Des cuissardes en plaquettes de cuir laqué, articulées et maintenues par des cordelettes de soie sont placées sous le tablier pour renforcer la protection. Dans le même but des manches de protection kote en cottes de maille doublées de soie sont prolongées par des gantelets de fer. Des jambières composées de lamelles de fer verticales réunies par des mailles, doublées d’une soie en principe assortie à celle des manches, sont maintenues en place par des bandes de tissu. Les casques ont parfois un côté excentrique et la taille de certains ornements, comme le croissant de lune, indique l’importance du guerrier.

Les armes

Les armes les plus employées au cours de la période Edo étaient les sabres, armes symboliques "âme" du samouraï. La beauté du sabre japonais était en grande partie due à sa lame dont les procédés de fabrication atteignirent la perfection. Cette lame devait répondre à trois critères difficiles à concilier : ne pas rompre, ne pas plier, ne pas casser. Pour cela une technique de forge particulière était employée. Elle consistait à enrober un noyau d’acier doux, d’un revêtement d’acier dur. Sa forme, son grain et sa ligne de trempe, hamon, devaient s’harmoniser pour donner naissance aux plus belles pièces.
Les principaux sabres utilisés à l’époque d’Edo étaient le sabre long katana que le samouraï ne portait qu’à l’extérieur et le sabre court wakizashi qui l’accompagnait classiquement et qui pouvait le remplacer dans un combat si le katana était endommagé. Le wakisashi pouvait être gardé à l’intérieur et, tout comme le katana, se portait glissé dans la ceinture obi. Les gardes de sabre tsuba, insérées entre la lame et la poignée afin de protéger la main du guerrier lors des assauts, témoignent également du soin particulier apporté à chacun des éléments d’une arme et leurs décors reflètent les goûts et les croyances de leurs commanditaires. Les décors peuvent être constitués d’ajours plus ou moins fins ou d’incrustations de métaux divers. Sur cette pièce en fer, trois feuilles pouvant évoquer des feuilles de mauves, élément assez couramment employé sur les armoiries japonaises, s’enroulent souplement autour de l’ouverture centrale. Ce type de décor finement ajouré faisant appel à des motifs naturalistes aurait été réalisé, pour la première fois, à Kyôto à la demande du shôgun Yoshinori (1394-1441).

© Musée Georges Labit, Toulouse
Les armures japonaises des collections du musée Labit ne sont pas exposées à l’heure actuelle, pour des raisons de restauration