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Jean Louis Morelle et sa collection

© Tous droits réservés

Du 01 juin au 15 octobre 2022

Bagnères-de-Bigorre | 65
Infos pratiques

Horaires :

juin, septembre et octobre

ouvert du mardi au vendredi de 10h à 12h et 14h à 18h
samedi de 15h à 18h

juillet et aout
ouvert du mardi au vendredi de 10h à 12h et 14h à 18h
samedi et dimanche de 15h à 18h

Tarifs

4 euros
3 euros
gratuité enfants et étudiants

Lieu

Musée des Beaux-Arts Salies
7 boulevard Rolland Castells
65200 Bagnères-de-Bigorre 06 33 79 60 45

PRÉFACE
par Michel Rustant

Quand on voit les œuvres présentées ici deux mots peuvent venir immédiatement à l’esprit : virtuosité et audace. Mais ils risquent de nous entraîner sur une fausse piste. En effet, la virtuosité est souvent réduite à la manière sans l’âme, et l’audace est devenue depuis longtemps la règle commune. Je préfère dire que J.-L. Morelle est un artiste rigoureux, en précisant bien que rigueur n’est pas synonyme d’austérité ni de sévérité, c’est très simplement et, avant tout, une exigence envers soi-même. Je crois connaître suffisamment l’homme et l’œuvre pour pouvoir affirmer que Jean-Louis Morelle ne transige pas avec son art et que chez lui tout est question de loyauté envers les êtres et les choses qu’il peint.

Il est vrai que sa maîtrise technique est telle qu’il a, depuis longtemps, surmonté les contraintes propres à l’aquarelle. C’est avec l’instinct du chasseur qu’il quête l’instant fugace où la réalité change de nature. Dans son essence irréductible la réalité devient un monde qui se suffit à soi-même où les contraires et les contraintes sont résolus en un tout auquel on ne peut rien retrancher ni ajouter. Le peintre nous dit alors : Ouvrez les yeux ! Nous sommes en face de la vérité.

Voyons comment il traite figures et paysages. Les figures d’abord. À 9 ans, J.-L. Morelle découvre Jean et François Clouet, ces maîtres portraitistes du XVIe siècle. De cette découverte, il va retenir qu’un trait dessiné avec justesse impose toujours sa véracité. Dix ans plus tard, l’influence de Cézanne le conduira à une recherche plus libre, plus aérienne des volumes. Mais pas plus les Clouet que Cézanne ne transparaissent directement dans ses portraits. S’il y a influence, elle est sous-jacente, gratitude spontanée envers des artistes qui l’ont conduit à aller au plus vrai dans sa rencontre avec ceux et celles qu’il peint. Ses portraits à lui sont bien de notre temps. Ses modèles ont de la chair, de la vie. Regardez leurs yeux, leurs lèvres : ils sont presque tous saisis dans la demi-teinte de sentiments en mouvement. J.-L. Morelle traque en quelque sorte l’instant incertain et fuyant qui va d’un coup résumer la personnalité du modèle, sa vérité. Le portait devient alors un aveu. Presque une confidence. Révélatrice sans doute du caractère de la personne représentée, mais également du caractère du peintre, mélange d’empathie et de respect qui se refusent à toute complaisance.

Je n’irai pas jusqu’à dire que Jean-Louis Morelle peint natures mortes et paysages comme des portraits. N’empêche, il y a un fil rouge qui nous conduit de ceux-ci à ceux-là. Une même soif de nous faire voir au-delà des apparences. Sans provocation et tout en apprivoisement. Vous n’êtes jamais tombés en contemplation devant une bouteille en plastique cabossée, un moteur éventré ou un poisson congelé ; moi non plus. Eh ! bien, désormais nous saurons que le désordre, la souillure, l’abandon, la blessure et le silence des choses sont souvent de faux-semblants. Encore faut-il savoir les aborder ! Suivez mon regard, dit ici J.-L. Morelle, et vous découvrirez des éclats, des nuances, une tendresse et des formes, en somme tout le monde poétique que peut contenir cet univers prosaïque.

Je ne peux m’empêcher de réserver un sort particulier aux paysages urbains. C’est en les découvrant que j’ai aimé le travail de Jean-Louis. Il m’a semblé y retrouver les thèmes de prédilection de Hopper. Parkings silencieux, voitures abandonnées au pied de grands immeubles et rues désertes sont motifs à des constructions de volumes, à des jeux de lumières que l’aquarelle sert d’ailleurs avec une souplesse que n’a pas l’huile. Mais au-delà de cette proximité de thèmes purement formelle, on retrouve une affinité dans un même rapport au temps. Un temps en suspens. Le peintre américain et l’artiste français ont en commun de nous montrer des scènes au sens cinématographique du mot, et non simplement des lieux. Des scènes qui impliquent un après. Ces voitures au pied d’un immeuble sont-elles vraiment abandonnées ? La fraîcheur va certainement succéder à la chaleur qui a fait fuir les passants ; la reprise du travail va redonner de l’animation aux rues. Interrogations pressantes qui supposent la survenance d’un évènement qui va changer la donne. La scène représentée incite le public à entrer dans le jeu et à en imaginer le dénouement.

Cette mobilité latente des paysages est-elle si différente de celle qui anime les portraits ? Même tension vers un même résultat : saisir l’instant où chaque être, chaque situation se trouvera en adéquation avec soi même. Saluons cette unicité de l’œuvre ; c’est la marque d’un artiste de grande classe. Maîtriser le regard porté sur le monde qui l’entoure, savoir lui imprimer sa marque toujours reconnaissable, c’est la lutte permanente que soutient Jean-Louis Morelle – et dont les œuvres présentées témoignent du résultat.

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Musée des Beaux-Arts Salies

Musée des Beaux-Arts Salies

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