La saga de céramistes visionnaires, les Fouque & Arnoux
Du 14 mai au 05 novembre 2022
jeune public
Infos pratiques
Du mercredi au samedi de 10h à 17h15 et de 10h à 12h le samedi.
En juillet-août du mercredi au dimanche de 10h à midi et de 14h à 18h.
Tarifs
Plein tarif : 5 €
Demi tarif : étudiants
Gratuit : moins de 18 ans
Lieu
Le Musée – Arts & Figures des Pyrénées Centrales
35 boulevard Jean-Bepmale
31806 Saint-Gaudens Cedex 05 61 89 05 42
Au XVIIIe siècle, les Fouque sont faïenciers en Provence. Joseph Fouque (1720-1799), le premier de cette dynastie, après une association avec Jean-François Pelloquin, rachète à Moustiers le célèbre atelier des Clérissy en 1783, quand la belle faïence stannifère peinte à la main est en plein essor. Son fils aîné Gaspard (1757-1843) lui succède ainsi que sa descendance qui tentera un essai d’implantation à Brue, non loin de là. Le deuxième fils Joseph-Jacques (1761-1829) épouse à Apt en 1790 la fille unique des faïenciers Moulin et travaille avec son beau-père, tout en s’impliquant dans les tourments de la Révolution. Il doit sauver sa tête et part avec sa famille pour le Midi toulousain, assez éloigné pour se faire oublier, mais à un carrefour de communication, indispensable pour le commerce, entre le Midi et la côte ouest avec les ports vers la Méditerranée par le canal du Midi et vers l’Océan par la Garonne. Toulouse est ce juste milieu où un atelier déjà en cours de création près de Saint-Sernin, lui permet de produire rapidement de la faïence peinte tout en cherchant à réaliser un produit nouveau, la faïence fine, composée d’une argile qui cuit blanc, moins onéreuse et promise à un large public. L’atelier peu à peu se transforme et devient manufacture, avec la présence de son neveu et gendre, Antoine Arnoux (1791-1855).
A son arrivée, J.-J. Fouque crée un atelier de décoration, indépendant de la manufacture, où il peint et vend différents objets pour la table et pour diverses officines ; à sa mort en 1829, l’atelier revient à son dernier fils Gustave (1807-1872) qui le fait prospérer. Il peint et décore la porcelaine en provenance, soit de Saint-Gaudens/ Valentine, soit d’autres manufactures et il emploie les artistes de l’école toulousaine ; son fils Charles (1845-1930) poursuit l’activité jusque vers 1880.
Pendant toute la première moitié du XIXe siècle, Toulouse voit se développer une production très diversifiée de céramiques, autant pour les particuliers que pour les professionnels, arts de la table, terres cuites ornementales, mobilier urbain, ustensiles pour chimistes et apothicaires, briques réfractaires pour les fours à haute température, grâce à la modernisation des installations, moulin à chevalet, fours à étages, roue hydraulique, emploi de l’impression pour décorer la faïence fine enfin consolidée par le silex, recherche de terres dans les Pyrénées.
La découverte de Kaolin non loin de Tarascon en Ariège, indispensable pour fabriquer la porcelaine, les entraîne à créer ex nihilo une nouvelle manufacture sur la commune de Saint-Gaudens où la porcelaine dite « de Valentine » peut sortir des fours dès 1832, exposée à Paris où les Fouque et Arnoux obtiennent des prix récompensant leurs efforts pour une production de qualité et d’un prix accessible.
Après une période florissante où Léon Arnoux (1816-1902, fils d’Antoine) engage ses recherches dans les couleurs de grand feu en concurrence avec les autres manufactures françaises, la révolution de 1848 provoquée par une crise économique met la société en faillite et la manufacture de Toulouse est vendue en 1850. Toutefois, celle de Saint-Gaudens continue sous la direction d’Henri Fouque (1798-1871), désormais seul à se débattre avec les affaires financières jusqu’en 1864, car Léon Arnoux émigre en Angleterre et rejoint, en tant que directeur artistique, la grande manufacture Minton située à Stoke-on-Trent, dans la région des « Potiers », où il va apporter le « bon goût » français et toute son expérience acquise en Midi toulousain.
Léon Arnoux, en relation continue avec la direction de la manufacture de Sèvres, crée une nouvelle pâte, la majolica, et poursuit les recherches sur la cuisson et les fours, dont le four à flamme renversée, breveté, est désormais construit dans de nombreux pays. Il n’hésite pas à embaucher des artistes français, dont le spécialiste du décor pâte-sur-pâte, Louis Marc Emmanuel Solon (né à Montauban, 1835-1913), employé à Sèvres ; ce type de décor connaît un grand succès et participe à la renommée de Minton.
Solon épouse Laure (née à Saint-Gaudens 1845-1910) une des filles de Léon Arnoux ; leurs enfants, formés comme ingénieurs dans les collèges anglais, vont se tourner vers l’art nouveau et la décoration architecturale, portant leur savoir-faire aux États-Unis, sur la côte Est comme en Californie, actifs jusque dans les années 1950.
Ainsi, Marcel Provence le remarquait déjà vers 1930, la dynastie des Fouque et Arnoux et leur descendance ont perduré deux siècles sur plusieurs continents, à travers une production très diversifiée de céramique, depuis la faïence stannifère peinte, la faïence fine imprimée, la terre cuite ornementale, les grès, la porcelaine et la faïence architecturale aux riches couleurs, illustrant la transmission des savoirs techniques et artistiques entre les générations, les régions, les pays.
L’exposition aura lieu en 2022 de Pâques à la Toussaint (mi-avril/début novembre) au musée de Saint-Gaudens, musée de France.
Elle sera présentée selon la chronologie des sites de fabrication : Moustiers, Apt, Brue en Provence, Toulouse, Saint-Gaudens/Valentine, Stoke-on-Trent, en privilégiant, selon les disponibilités :
-le lieu (cadastre, plan, illustration de l’atelier, machines) ;
-les personnes (portrait, buste, médaillon) et leur parcours (formation, recherches) ;
-les produits avec quelques exemples parmi les plus représentatifs.
Une carte localisera ces divers sites, ainsi qu’une généalogie de la dynastie montrant les liens croisés entre les descendants.