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Fiche Œuvre

Le Pleurant de Poblet

Le Pleurant de Poblet © Tous droits réservés
Artiste

Jaume Cascalls

(XIVe siècle - XIVe siècle)
L’artiste
Chronologie
XIVe siècle , deuxième moitié
Technique
Sculpture en albâtre
Dimensions
H. 0,29 ; L. 0,12 m
Statut administratif
Achat avec participation du FRAM (Etat, Conseil régional), en 1993
Numéro d’inventaire
95-5-1
Collection
Sculpture hispanique
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Les sculptures en provenance du monastère royal de Poblet, près de Tarragone, ont une histoire complexe et mouvementée. En 1340 le roi Pierre IV le Cérémonieux (1319-1387) décida d’ériger l’église abbatiale de Sainte Marie de Poblet en panthéon des rois d’Aragon. Auparavant les souverains étaient ensevelis à Ripoll, à Barcelone, Lerida, Santes Creus et à Poblet selon le bon vouloir des monarques. L’espace situé entre les piliers du transept fut choisi et le programme confié aux sculpteurs Pierre de Guines et Maître Aloy. En 1349 Pierre de Guines est remplacé par Jaume Cascalls qui s’associe à un esclave d’origine grecque, Jordi de Deu, qui lui succèdera. Avant de disparaître, le fastueux souverain avait pu voir en place les tombeaux d’Alphonse le Chaste et de Jacques le Conquérant, sa propre sépulture étant presque terminée. Au XVè siècle cette tradition demeura puisque Ferdinand d’Antequera et Jean II y disposèrent leurs sarcophages de la main de Pere Oller et Gil Morlans.

Malheureusement, en 1835, lors de la Guerre civile due aux troubles carlistes et à la desamortisación (vente des biens du clergé), le monastère est abandonné, les tombeaux pillés et brisés. Malgré l’action d’érudits qui tentèrent en 1843 de préserver certains reliefs déposés au Musée de Tarragone, beaucoup de sculptures sont dispersées. En 1933 une commission pour la restauration de tombeaux va se créer présidée par Eduard Toda et en 1940 le sculpteur Frédéric Marès est chargé de cette tâche. Il acheva son travail six ans plus tard mais il faut bien dire que ce dernier s’apparente à une création plutôt qu’à une reconstitution des tombes royales.

Jaume Cascalls a travaillé avec Maître Aloy avant le 24 novembre 1349 ; son activité se concentre après cette date sur les tombeaux. Pierre IV surveille de près ce chantier : par une lettre du 17 avril 1354 il demande aux maîtres sculpteurs des modifications après avoir vu quatre pleurants dans l’atelier de Cascalls. Ce dernier œuvre avec Aloy de 1348 à 1360, ensuite il demeure seul en place, avec à charge d’autres chantiers disséminés à Lerida et à Tarragone.

Cette petite sculpture d’albâtre s’apparente à plusieurs pièces faisant partie des collections nationales ou de musées à l’étranger : deux pleurants du Musée du Louvre acquis en 1890 et 1946 (RF 2582 et RF 823), trois pleurants du Musée de Berlin, un du Musée de Toledo (Ohio, E.U.), un du Musée de Cluny, sept statuettes du Musée d’Art de Catalogne qui ont été replacées à Poblet. D’autre part, plusieurs pièces similaires ou avoisinantes sont passées en vente publique depuis trente ans : le pleurant « Brimo » (exporté en 1969), le pleurant de la vente Galliera (juin 1970), les deux pleurants de la vente Sotheby’s de Monaco (décembre 1987), un pleurant de la vente de Louviers (septembre 2000). De taille identique (environ 30 cm de haut), ils présentent toutefois des différences dans l’exécution et la qualité qui font attribuer les pièces du Louvre à Cascalls et les autres reliefs, plus frustes, à son atelier.

La pièce du Musée Goya, malgré les traces d’arrachement sur le côté gauche et une certaine sobriété des formes, ne manque pas d’expressivité et d’émotion contenue. Elle peut être utilement rapprochée du Roi mage de Bartomeu de Robio, acquis en 1992 et exécuté pour le retable de la cathédrale de Lerida entre 1361 et 1362 au moment où Cascalls est le maître d’œuvre en ce lieu. Cascalls, disparu autour de 1377, laissa une influence durable au sein de l’école de sculpture catalane.

A priori, selon Xavier Barsal i Altet, deux séries sont à individualiser dans la production de ces pleurants représentant le cortège funéraire du roi : le groupe de Jaume Cascalls (1345-1380) et celui de Pere Oller (vers 1415). Le groupe de Cascalls est le plus fourni et nous savons que le matériau utilisé, l’albâtre, provenait des carrières de Benda dans la province de Gérone au nord de la Catalogne.

(J.-L. AUGÉ 2002)

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