Le Lauragais
Chronologie
Technique
Dimensions
Statut administratif
Numéro d’inventaire
Composition à la fois narrative, symbolique, syncrétique et puissamment allégorique, Le Lauragais demeure l’œuvre maîtresse du peintre. A la fois composition virtuose et harmonieuse, elle constitue une sorte de « tableau monde » à portée universelle, ode à la Nature et à la vie.
A l’instar de son maître Jean-Paul Laurens avec sa toile du Salon de 1897, Sibra pense depuis longtemps à une représentation sur le Lauragais. Comme à son habitude pour ses grands tableaux, le peintre pense très longuement son sujet et sa composition. Il écarte dès le départ l’idée d’un paysage particulier pour celle d’un paysage synthétique où il fait entrer tous les éléments caractéristiques de la région. Il prend des libertés avec le tracé sinueux du canal du Midi qu’il fait passer de manière anachronique au nord de la butte des moulins de Castelnaudary.
Le cycle du blé est représenté dans son ensemble : labourage, semailles, moisson, gerboyage et dépiquaison, mais aussi transport par les péniches du canal, mouture sous les ailes des moulins et achèvement en forme de miches de pain, près du personnage féminin.
La composition centrale précise son rôle symbolique : « au centre du tableau, en plein milieu de la toile, la charrette chargée. Cette grande masse de blé est le soleil autour duquel vont graviter les différents éléments du tableau ainsi que des satellites, il sera l’auréole de la mère de famille ». La grande toile de 2 x 2 m s’anime autour des tracés complexes, bandes, courbes et pyramide, mais aussi de couleurs qui animent et structurent la composition d’ensemble.
Dès le début de l’été 1928, les premières études de paysage occupent une quinzaine de jours de travail, perché sur la terrasse sommitale du moulin de Sainte-Catherine, à Castelnaudary. Le peintre s’aide encore de nombreuses études panoramiques anciennes de paysages, peint deux panoramas sur les hauts de Verfeil et complète son viatique estival de croquis aux métairies et champs des alentours de Rhodes. Une première esquisse aboutie de 1m2 est exécutée à Rhodes entre le 20 août et le 6 octobre 1928, tout comme la toile définitive, peinte un mois durant (novembre 1928). Chose rare, le tableau satisfait son auteur qui écrit « Il m’a beaucoup coûté mais il me paie maintenant; je ne sais pas ce qu’en pensera le public, presse, critiques, peintres, jury. Il m’a satisfait moi même et c’est déjà beaucoup. »
De fait, Le Lauragais reste une toile à part dans l’œuvre de l’artiste. Forte de valeur symbolique et riche d’un contenu à la portée quasi universelle, elle clôt quasiment son cycle des grandes toiles d’histoire exposées à Paris. Elle démontre au-delà l’appétence grandissante de l’artiste pour les paysages, le terroir languedocien et ses grands héros.