Bas-reliefs du Théâtre des Champs-Élysées
Chronologie
Technique
Numéro d’inventaire
De 1910 à 1913, l’artiste réalisa, à Paris, le décor sculpté de la façade et de l’atrium du Théâtre des Champs-Élysées, témoignage éclatant de ses dons de sculpteur architecte. Il exécuta pour cela pas moins de 75 ouvrages parfaitement intégrés à l’architecture. Bourdelle voulut donner l’impression que ce soit “… le mur lui-même qui, par endroits désignés en bon ordre, semble vouloir s’émouvoir en figures humaines…”. Le musée Ingres présente dans cette salle un ensemble de 5 bas-reliefs réalisés en plâtre qui personnifient les Arts par un couple de personnages. Ces figures sont contraintes dans un cadre exigu dans lequel ils se contorsionnent faisant écho aux figures de la statuaire médiévale déployée sur les tympans et chapiteaux.
Pour la danse, Bourdelle sut très vite qu’il utiliserait la figure d’Isadora Duncan. Il avait découvert la danseuse en 1909, au théâtre du châtelet où elle interprétait l’Iphigénie de Gluck. Reconnaissable à sa tunique légère et fendue, ses grands cheveux lâchés et ses pieds nus, c’est Isadora qui danse sur ce bas-relief pour lequel Bourdelle fit de nombreux croquis. La danseuse fait face à la figure de Vaslav Nijinsky autre danseur magistral de ce début de siècle.
La Comédie présente deux jeunes femmes s’échangeant gaiement leur masque, l’une à droite figurant le théâtre moderne et l’autre incarnant de par sa nudité sculpturale le théâtre antique.
Pour le bas-relief de « la Tragédie », le sculpteur choisit d’évoquer la figure d’Iphigénie dont Bourdelle avait l’histoire en tête grâce à son ami Charles Moréas qui avait créé la pièce en 1903 à l’Odéon.
Pour figurer la Musique, le sculpteur choisit une violoniste en face d’un faune joueur de syrinx, symbole de la musique ancienne mais peut-être aussi discrète allusion à l’après-midi d’un faune de Debussy créé au théâtre du Châtelet le 29 mai 1912 avec Nijinski comme interprète.
Enfin, la Sculpture et l’Architecture sont figurées par un homme appuyé à ces deux disciplines artistiques qui ont fourni l’écrin de ce théâtre et lui ont permis d’exister. La figure de l’architecture, à droite, emprunte ses traits à la seconde épouse de l’artiste, Cléopâtre Sevastos, reconnaissable à sa grande tresse enroulée autour de la tête. Le musée Bourdelle conserve des dessins montrant que l’artiste avait dans un premier temps songé à Isadora Duncan pour cette figure.
Mme Bourdelle offrit ce plâtre ainsi que les autres bas-reliefs deux ans après la mort du sculpteur.