Borne de la Route sans frontières n°1
Chronologie
Technique
Dimensions
Numéro d’inventaire
En pleine guerre froide, alors que pèse la menace d’un terrible conflit, des populations se mobilisent pour s’unir par-delà les frontières, promouvoir une fraternité universelle. En mai 1948, Garry Davis, ancien pilote de bombardier venu en France, renonce à sa nationalité américaine. Il se veut « premier citoyen du monde », interpelle l’ONU. Sa démarche suscite l’enthousiasme populaire ; elle est soutenue par de célèbres écrivains et des journaux issus de la Résistance. Robert Sarrazac, qui porte cette aspiration mondialiste, vient à plusieurs reprises animer le comité qui, autour du Docteur Louis Sauvé, donne à Cahors un rôle central dans cette épopée humaniste. Après un meeting sur les allées Fénelon, le Conseil municipal adopte, le 30 juillet 1949, la « Charte de mondialisation des communes et des villes du Monde ». La ville se proclame Cahors Mundi, Cahors-du-Monde. La démarche est approuvée par les Lotois et leurs élus au point qu’en février 1950 239 communes du département ont adopté cette Charte, faisant la Une de la presse.
Des Journées de la mondialisation se déroulent à Cahors les 23, 24 et 25 juin 1950, en présence du prix Nobel de la Paix de l’année. Réunions au théâtre municipal, discours au balcon de l’Hôtel de ville. Sur son parvis se dresse la sculpture du « petit homme », symbole de l’humanisme. Les commerçants ont décoré leurs vitrines pour honorer Cahors-du-Monde, la ville est pavoisée aux sept couleurs de l’arc-en-ciel. Le 25 juin, à 21 h 30, les Cadurciens se rassemblent près du pont Valentré. La borne de la Route mondiale n° 1 est dévoilée tandis qu’un feu d’artifice est tiré au son d’une symphonie de Beethoven. Un cortège de voitures s’élance sur cette Route sans frontières qui, jalonnée de bornes, longe le Lot. Des villageois sont massés sur le parcours jusqu’à Tour-de-Faure, au pied de Saint-Cirq-Lapopie embrasée de feux de Bengale. Ce même 25 juin 1950 éclate la guerre de Corée. L’antagonisme entre les blocs de l’Ouest et de l’Est se durcit, étouffant les espoirs en un monde de paix solidaire.
La borne conservée dans les collections du musée Henri-Martin est bien une de celles inaugurées le 24 juin 1950. Installées de Cahors à Laroque-des-Arcs et Tour-de-Faure, elles portent des noms de villes hautement symboliques : Paris, New York, Moscou, Konigswinter et New Delhi. Elles rassemblent les adversaires de la guerre froide, évoquent le douloureux souvenir de la Seconde Guerre mondiale et l’assassinat de Gandhi. Au fil du temps, ces bornes disparaissent tandis que des Lotois revendiquent cet héritage humaniste en installant des répliques. En 2000, la ville de Cahors pose de nouvelles bornes près du pont Valentré et dans les villages au bord du Lot. En 2018, des élèves en carrosserie du lycée Monnerville effectuent la réfection de celle de Lamagdelaine et, en 2019, de celles de Cahors et Saint-Cirq-Lapopie.