Coffre en marbre des Pyrénées
Chronologie
Technique
Dimensions
Cet objet sorti des réserves pour une présentation ponctuelle est un coffre en marbre composé d’une cuve de 39,5 cm de large sur 74 cm de long et haute de 48 cm et d’un couvercle de 47 cm de large sur 88 cm de long.
La cuve et le couvercle proviennent du site de Valentine, près de Saint-Gaudens, où a été fouillée une villa gallo-romaine ainsi qu’une nécropole paléochrétienne. Il existait sans doute également sur le site une nécropole à l’époque romaine.
Cet ensemble, cuve et couvercle, a été acheté par le musée Saint-Raymond en 1964 à un propriétaire privé. Cuve et couvercle proviennent bien du même site mais ne devaient pas être à l’origine associés, leurs dimensions ainsi que le style de la sculpture étant très différents.
Ce type de coffre, très fréquent dans les Pyrénées centrales, est dit “cinéraire” car il renfermait les cendres des défunts. On appelle souvent ces objets des “auges cinéraires” en raison de leur forme rectangulaire et creusée.
Ce coffre cinéraire a été fabriqué à l’époque romaine (il est très difficile de proposer des datations précises pour ce type d’objet, principalement en raison d’un contexte archéologique inconnu), dans du marbre gris de Saint-Béat.
Les Pyrénées centrales recellent d’importants gisements de marbre, essentiellement concentrés dans la haute vallée de la Garonne : marbres blancs et gris de Saint-Béat ; brèche de Lez ; griotte de Cierp-Gaud et de Signac ; ou encore griotte et brèche de la région de Campan. On sait que ces carrières furent largement exploitées partir de l’époque romaine, même s’il est très difficile d’apporter les preuves archéologiques de ces exploitations, les traces de l’exploitation antique étant détruites au fur et à mesure de l’avancée du front de taille.
En fait, l’exploitation des marbres pyrénéens s’est développée lorsque la civilisation romaine a atteint les Pyrénées et a engendré de nouveaux besoins. Cette romanisation a surtout été effective dans les villes et les capitales de cités telles que Lugdunum Convenarum, aujourd’hui Saint-Bertrand-de-Comminges, le monde rural étant moins touché.
Saint-Bertrand-de-Comminges devient une ville importante à partir de l’époque d’Auguste et de la réorganisation du territoire gaulois en provinces et cités, puisque cette ville devient la capitale de la cité des Convènes. Dès lors, elle se dote des monuments symbolisant la culture romaine : un forum, des temples, un marché, un théâtre…, des monuments qui utilisent les techniques de construction romaine dans lesquelles le marbre est prédominant. C’est ainsi que les marbres pyrénéens sont utilisés pour produire non seulement des colonnes et autres éléments d’architecture mais aussi quantités d’objets qui sont vecteurs de la culture latine tels que les autels votifs, les stèles funéraires, les sarcophages et les coffres cinéraires.
Les coffres cinéraires, composés d’une cuve rectangulaire fermée par un couvercle arrondi ou triangulaire, sont des sépultures collectives destinées à protéger les cendres des défunts d’une même famille. Les cendres étaient probablement déposées dans des urnes en terre cuite ou en verre, fermées par une assiette retournée ou une écuelle ou encore un fond de vase. La face avant de la cuve et du couvercle était sculptée de la représentation des défunts. Très rarement, cette façade a pu recevoir une inscription ou associer représentation sculptée et texte gravé (comme sur un exemplaire de Bordères-Louron).
La pratique du remploi
C’est donc la présence des carrières de marbre qui a favorisé la fabrication de ces objets si bien qu’on en dénombre aujourd’hui près de 400. C’est un phénomène caractéristique de cette région des Pyrénées. Ailleurs, où le marbre était moins fréquent ou absent, on a pu utiliser d’autres matériaux pour conserver les cendres des morts comme des coffres en bois. On a aussi souvent enterré les urnes directement en pleine terre, dans un coffrage en briques ou fait de planches de bois.
Cependant, nous sommes confrontés à un problème majeur dans l’étude de ces objets : leur remploi systématique, dès la fin de l’Antiquité et le haut Moyen-Age et à des époques postérieures. Le remploi des matériaux est une pratique courante depuis l’Antiquité mais il a été pratiqué dans les Pyrénées centrales de façon systématique, avec souvent des remplois successifs.
Etant fabriqués dans une pierre de qualité et qui plus est déjà taillée, ces coffres constituaient des blocs bon marché et très facile à réutiliser dans les maçonneries. Les auges cinéraires ont notamment été remployées dans les murs des églises et le fait qu’une face soit décorée a certainement favorisé cette pratique (la face décorée étant souvent mise en évidence).
Ainsi, à Garin et à Saléchan, des cuves ont été réutilisée en pierre d’angle, probablement remplies de pierres pour renforcer leur solidité. Parfois, les objets étaient retaillés pour faciliter la réutilisation. On observe que la forme des couvercles étant moins adaptée à ce type de remploi, on en trouve moins souvent dans les murs des églises.
Les coffres, retaillés ou non, ont aussi été réutilisés à l’intérieur des églises : marche d’un escalier ; support de fonds baptismaux ; loculus à reliques (comme à Bordères-Louron).
Au Moyen-Age, on ne comprenait pas la fonction véritable de ces objets mais on leur a attribué une valeur sacrée. Les auges étaient souvent mises en évidence, placées par exemple au-dessus de la porte d’entrée de l’église, et la tradition populaire appelait encore au XIXe siècle les personnages figurés les “Sants petitous”, les petits saints.
Agnès Laurens, qui a étudié ces objets dans sa thèse, a émis l’hypothèse que ces auges et notamment les couvercles aient pu être réutilisés dans des sépultures de saints dès l’époque paléochrétienne, ce qui leur a donné une valeur sacrée. Elle cite en exemple un couvercle d’auge utilisé comme table d’autel dans l’église de Saint-Sabin d’Escarnecrabe et qui aurait servi, selon la tradition locale, à fermer le tombeau du saint.
Les coffres cinéraires ont aussi été utilisés de façon tout à fait profane, certainement à des époques plus récentes, comme abreuvoirs ou comme bac-à-fleur.
La pratique du remploi a permis de préserver ces coffres tout au long des siècles, même si certains ont pu être brûlés dans des fours à chaux comme ce fut souvent le cas pour les sarcophages et les sculptures en marbre. Cependant, cette pratique a définitivement anéanti tout espoir de connaître le contexte archéologique de ces sépultures qui ont été vidées de leur contenu et déplacées.
Certains sites de nécropoles antiques ont été fouillés, notamment au XIXe siècle, mais à une époque où l’archéologie ne mettait pas en oeuvre les mêmes principes qu’aujourd’hui. Il en est ainsi de la nécropole de Barsous, près de Saint-Bertrand-de-Comminges, sur la voie qui mène à Dax (les nécropoles antiques étaient installées le long des voies, à la sortie des villes) : une nécropole mal fouillée et mal documentée, pillée, les objets ont été dispersés. Parmi ces objets figuraient des auges, des urnes, mais aussi des objets en bonze témoignant des offrandes déposées dans les tombes.
Aujourd’hui, on peut parfois identifier des sites de nécropoles en fonction de la concentration des remplois dans une même église. Cela ne veut pas dire que l’église est construite à l’emplacement même de la nécropole antique, mais les coffres cinéraires étant des objets lourds, on peut raisonnablement penser qu’ils n’ont pas été déplacés sur une très longue distance.
Il faut aussi préciser que les nécropoles antiques regroupaient toutes sortes de monuments funéraires : des coffres cinéraires, des stèles et des épitaphes plantées dans le sol ou encore des plaques d’obturation (comme celles présentées dans la galerie d’épigraphie du musée) qui permettaient de fermer une cavitée dans laquelle étaient déposées les urnes cinéraires.
Pour exemple:
- on dénombre dans l’église Sait-Pé-de-la Moraine à Garin 18 remplois d’auges
- à Saint-Pé-d’Ardet, Georges Fouet, dans les années 50, en avait dénombré 48 (en remploi dans le mur ou disposées devant l’église), aujourd’hui il en reste une vingtaine
- à Valentine, 28 coffres cinéraires ont été retrouvés sur le site d’Arnesp, face à la villa. Ce site a d’abord connu l’implantation d’un sanctuaire antique, puis d’une église paléochrétienne, puis d’une église mérovingienne, ensuite d’une église pré-romane et enfin d’une église romane démolie en 1739. Dans les murs de cette église étaient remployés la plupart des monuments funéraires provenant probablement d’une nécropole proche du site (nécropole liée à la villa?).
Étude stylistique des coffres pyrénéens
Cuves et couvercles portent les représentations des défunts, figurés le plus souvent en couple, parfois avec un enfant ou une tierce personne. Ces représentations sont caractéristiques d’un art pyrénéen très schématique : des visages sans expression, des coiffures stéréotypées, des bustes à peine évoqués par des formes quadrangulaires. Les bras sont figurés seulement lorsque les personnages tiennent des objets.
Il est souvent difficile de distinguer les hommes des femmes. En observant bien, on remarque la présence de boucles d’oreille portées par les femmes. Un seul exemplaire connu figure des seins : il s’agit de la représentation d’une femme nue (alors que son époux est habillé), comme si on avait voulu l’héroïser. On reconnaît aussi les hommes lorsqu’ils portent une barbe ou tiennent des armes.
Des éléments architecturaux sont parfois présents, comme les colonnes, chapiteaux et arcades qui encadrent les personnages du coffre de Valentine.
Ces figurations sont très souvent entourées de motifs géométriques : des demi-cercles imbriqués, des rouelles, des rosaces ou des fleurs. Ces motifs, notamment les demi-cercles inscrits dans deux carrés, que l’on retrouve sur divers exemplaires, peuvent peut-être signaler l’existence d’ateliers, en tout cas de cartons ou de modèles qui étaient utilisés pour le décor des auges.
Sur le coffre de Mayrègnes, on constate la présence des boucles d’oreille qui indiquent que le personnage de droite est une femme. L’homme, à gauche, supposé être son époux, arbore une coiffure figurée par un bandeau strié, représentant les mèches de cheveux. Les visages sont très similaires : menton carré, bouche fine, nez étroit, yeux petits et rapprochés, arcades sourcillières prononcées et suivant la même courbure que la frange de cheveux.
Une cuve provenant de Garin, présentant le même décor géométrique, est sculptée dans un tout autre style : les personnages sont figurés quasiment en pied ou assis (l’élargissement de la base pourrait représenter les genoux). Ils portent des vêtements drapés et les bras sont représentés car les personnages tiennent des objets. Les visages et les coiffures permettent de les identifier : la femme, à gauche, est coiffée de trois coques formées de petites boucles; l’homme est coiffé d’une frange en demi-cercle comme celui de la cuve de Mayrègnes.
On observe donc des similitudes entre les deux cuves, notament dans les motifs géométriques, mais un style de sculpture très différent. On peut en déduire que si les sculpteurs pyrénéens adoptaient un style très schématique, cela était par choix et non par manque de savoir-faire.
Que nous apprennent ces coffres sur les pratiques funéraires et la société pyrénéenne ?
L’influence de la culture romaineLes sources antiques littéraires parlent peu des populations pyrénéennes. Il faut se tourner vers l’archéologie pour en savoir plus sur ces sociétés, leurs croyances et leurs pratiques funéraires. L’étude des inscriptions et notamment des autels votifs permet de décrire des populations installées dans des vallées cloisonnées, comme le confirme la multitude de divinités locales, protectrices de petites communautés, et qui sont touchées par la romanisation à des degrés divers, la romanisation étant plus forte en milieu urbain ou dans des zones exploitées de bonne heure par les Romains (comme les carrières de marbre) qu’en milieu rural.
Concernant les coffres cinéraires, ils témoignent tout d’abord de l’influence de la culture latine sur les pratiques funéraires traditionnelles. L’utilisation du marbre pour pérenniser le souvenir des défunts était courant dans le monde Romain. Àtitre d’exemple on peut mentionner une urne en marbre blanc exposée au musée Saint-Raymond et provenant de Rome qui comporte une inscription et la représentation de la défunte, à demi allongée sur une banquette, avec autour d’elle des motifs chargés de symboles (le loup dévorant un agneau, symbolisant la mort et la brièveté de la vie; les oiseaux qui conduisent l’âme vers un autre monde; les têtes de béliers, animaux sacrifiés lors du banquet funéraire…).
Pour les populations pyrénéennes, le fait même d’utiliser le marbre est déjà un signe d’acculturation. Certains éléments témoignent également d’une sensibilité à la culture romaine : l’usage de la langue latine biensûr attesté par quelques rares exemplaires d’auges inscrites ; le vêtement lorsqu’il est figuré (toge) ; l’utilisation de certains motifs typiquement gréco-romains comme la pelta (bouclier); les éléments d’architecture (colonnes, chapiteaux, arcades…).
Pour ces derniers éléments, on peut se demander si la mise en scène de certains bustes sous des arcades (comme sur la cuve de Valentine) ne fait pas référence à la présentation des portraits funéraires dans des niches. On sait que les Romains avaient coutume de faire sculpter les portraits des ancêtres qui étaient exposés lors des funérailles. Cette coutume a pu également toucher les milieux les plus romanisés des Pyrénées (nous conservons d’ailleurs dans les réserves du musée plusieurs portraits d’hommes et de femmes inconnus, provenant du Toulousain ou des Pyrénées, qui sont considérés comme étant des portraits funéraires).
La première chose que nous apprennent les auges est donc l’affirmation d’une sensibilité à la culture latine, qu’il faut toutefois nuancer. Ces coffres, s’ils sont en marbre, sont les supports d’un art proprement pyrénéen, et comme nous l’avons dit il s’agit certainement d’un choix du commanditaire ou d’une certaine convention qui veut que l’on sculpte sur les auges des représentations de défunts plutôt schématiques, dans un style local, alors que les sculpteurs savent aussi produire des oeuvres “à la romaine”.
Georges Fouet avait émis l’hyothèse que ces coffres pourraient être la formule en marbre de coffres en bois utilisés antérieurement à la romanisation. Il s’appuyait pour dire cela sur le style de la sculpture qui, selon lui, se rapproche du style de la sculpture sur bois. Malheureusement, aucun coffre en bois n’ayant jamais été découvert dans les Pyrénées (matériau trop périssable), il est diffcile d’étayer cette hypothèse.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que tout le monde n’avait pas accès au marbre pour conserver les cendres des défunts (matériaux certainement coûteux) et la majorité des Pyrénéens devait certainement encore pratiquer des coutumes funéraires ancestrales qui nous échappent totalement.
Les représentations d’outils ou d’armes indiquant le métier ou la fonction des défunts
L’iconographie des coffres cinéraires livre aussi des informations sur les activités de ces Pyrénéens puisque des outils sont parfois représentés. La partie basse d’une cuve remployée dans l’église de Générest figure des outils liés au travail du bois. Une cuve remployée dans l’église de Garin est sculptée d’une hache à tranchant arrondi. Toujours à Garin, des outils sont figurés sous un homme : il s’agit là probablement d’outils liés à la forge (longue pince à feu, marteaux) ou au travail de la pierre avec la présence d’un marteau têtu (comportant une extrémité en forme de pic) qui attaque un bloc de pierre (le travail de la pierre est d’ailleurs très lié à la forge des outils).
Les représentations d’objets liés au rituel de libation ou au banquet funéraire
Les morts sont aussi parfois représentés tenant des cruches et des gobelets, comme sur une cuve de Garin où une femme et son époux sont chacun munis d’un gobelet tandis que la femme tient une cruche avec laquelle elle vient peut-être de servir un breuvage qu’ils s’apprêtent à boire.
La cuve provenant du Val d’Aran figure trois personnes : un homme, à gauche, barbu, tenant une lance (il peut s’agir d’un chasseur ou d’un militaire); une femme, au centre, tenant un gobelet (Agnès Laurens a remarqué que lorsqu’il y a trois personnages, c’est toujours celui du centre qui tient le gobelet) ; un autre homme, à droite, barbu, dont les bras ne sont pas figurés car il ne tient pas d’objet. L’homme de gauche tient la main de la femme, signalant ainsi leur engagement dans le mariage. C’est une geste que l’on retrouve souvent sur les stèles d’époque romaine, notamment dans l’est de la Gaule et dans la région bordelaise. Il s’agit du geste que faisaient les époux lors du mariage cum manum, réservé à l’aristocratie et tombé en désuétude à la fin de la République. Normalement, les époux auraient dû se tenir la main droite (ce geste est appelé dextrarum junctio), il y a donc là une mauvaise compréhension du rite, mais la volonté de faire référence à un symbole de romanisation. Le personnage de droite est probablement le père d’un des époux.
Sur une autre cuve ayant appartenu au musée de Lourdes mais aujourd’hui disparue, on voit un personnage tenant peut-êtreune épée (donc un homme) versant un liquide. Cependant, le liquide n’est pas versé dans le gobelet que la femme tient au-dessus de la cruche. Soit le sculpteur a voulu représenter l’action juste après que le liquide ait été versé dans le gobelet que la femme porte à ses lèvres, soit le liquide est versé sur le sol.
Cette représentation nous conduit à nous interroger sur la symbolique véhiculée par ces objets. On a souvent interprété la présence des cruches et gobelets comme une évocation du banquet funéraire, le repas pris par les membres de la famille autour de la tombe au moment des funérailles ou à certaines dates commémoratives. Dans ce cas, les défunts seraient représentés en train de boire, de participer au banquet, la boisson étant aussi un moyen, notamment dans la civilisation gauloise, d’accéder à l’immortalité.
Si, dans le cas du coffre de Lourdes, le défunt verse un liquide sur le sol, il peut s’agir d’une libation, une offrande de liquide (vin ou eau…) faite sur la tombe pour apaiser les esprits des morts. On sait que certaines tombes à l’époque romaine étaient aménagées avec un orifice permettant de guider le liquide directement dans la sépulture.
En conclusion
il convient de rappeler que les coffres cinéraires, même s’ils sont les plus nombreux dans les Pyrénées, ne sont pas les seuls types de monuments funéraires utilisés par ces populations. Les stèles, les épitaphes, les plaques d’obturation, étaient également présentes dans les nécropoles (d’ailleurs on confond souvent plaques d’obturation et façades d’auges).
Une stèle provenant de Burgalays représente une femme et un homme sculptés dans un style très romain (visages modelés en relief; représentation des vêtements drapés et des colliers torsadés de la femme…). L’inscription incomplète nous indique cependant que ces défunts sont bien des aquitains puisque l’homme se nomme Paetus, fils de Surus, et sa femme Hahantenn.
Les Pyrénées centrales ont aussi livré de nombreux exemplaires de plaques d’obturation ou destinées à être fixées sur un monument telle qu’une pile funéraire. Il en est ainsi d’une plaque incomplète provenant de Boussens et signalant la tombe d’Anteros, fils de Pelops.
La confrontation de ces objets prouve d’une part que le style de la sculpture utilisé pour les auges est bien une question de choix, les sculpteurs pyrénéens étaient tout à fait capables de sculpter des portraits selon un style plus classique (comme le prouve la stèle de Burgalays). Il faut noter que le style schématique pyrénéen apparaît essentiellement sur les auges et jamais sur les stèles. Le choix des familles d’opter pour l’un ou l’autre type de monument (et de représentation des défunts) révèle par conséquent un attachement aux valeurs traditionnelles (avec l’utilisation des coffres) ou au contraire une sensibilité affichée à la culture latine (avec les stèles et les inscriptions) et la volonté de montrer à sa communauté que l’on a bien intégré les codes du pouvoir romain.