Daphnis et Chloé
Chronologie
Technique
Dimensions
Statut administratif
Numéro d’inventaire
Les honneurs dont a été couvert Gérôme, sa célébrité contrastent avec la défaveur qui suivit bientôt une carrière tard prolongée. Son hostilité à l’impressionnisme (il protesta en vain, en 1884, contre l’exposition Manet) devait assimiler à un « pompier » cet artiste remarquablement doué qui a illustré, dans la seconde moitié du XIXe siècle, cette tradition d’une peinture réaliste qui connaît depuis les années 1970 un net regain d’intérêt. Il est significatif, à ce propos, que Gérôme n’ait cessé d’être apprécié aux États-Unis, patrie de l’hyperréalisme, où une importante exposition lui a d’ailleurs été consacrée en 1972-1973 (Dayton, Minneapolis, Baltimore).
Après avoir été l’élève de Delaroche, il présenta au Salon de 1847, "Le Combat de coqs" (musée d’Orsay, Paris) qui allait connaître une éclatante célébrité, les éloges de la presse et en particulier de Théophile Gautier.
Dans ce tableau se révèlent bien les deux aspects de son talent : un réalisme et une virtuosité dignes d’un peintre flamand dans le traitement des animaux et une souplesse de la ligne comme une sensualité dans les figures humaines.
Sa production fut très abondante avec environ 600 peintures dont 350 sur le thème orientaliste.
Le tableau du musée Massey, qui fut exposé au Salon de 1853, est la seconde grande composition néogrecque de Gérôme. La mise en page simple, se concentre sur le motif, l’un des plus académiques de Gérôme, des deux adolescents. La biche familière, supposée intermédiaire de l’éveil du sentiment amoureux, introduit non sans grâce, le motif animalier, cher à l’artiste, au cœur de l’œuvre ; représentée de dos, elle s’inspire de la peinture de vases attiques . C’est Théophile Gautier qui assimila L’idylle à une illustration de Daphnis et Chloé, célèbre roman grec de Longus. L’idée de Gautier n’était pas sans fondement, le tableau pouvant évoquer l’amour naissant du berger Daphnis et de la chevrière Chloé, mais Gérôme ne semble pas s’être véritablement inspiré du texte antique. Le baron Gérard, présent également dans les collections du musée, avait illustré, plus fidèlement, un épisode du roman de Longus. La pastorale de Gérôme se déroule dans une Antiquité bien moins grecque que générique : le mur abritant la niche de la fontaine, le motif même de celle- ci, plus proche de la sculpture romaine ou de la Renaissance italienne, un Amour ailé assis en tailleur, et les briques posées de champ créent un cadre intemporel de bon aloi. Louis Clément de Ris reprocha à Gérôme « d’avoir fait des figures de cire d’un ton désagréable » alors que Prosper Mérimée voit dans les figures « deux statues colorées un peu incertaines d’expression ». Gautier, louant l’élégance des personnages, et appréciant que, cette fois-ci, Gérôme ne vise pas « à l’étrusque ou au grec primitif d’Egine », conclut que le peintre est « un Athénien né en France deux mille ans plus tard, voilà tout ». Ce tableau, aujourd’hui, est très demandé par les musées pour différentes expositions, il a d’ailleurs été exposé au musée d’Orsay pour une grande rétrospective ainsi qu’à Venise.