Femme couchée
Chronologie
Technique
Dimensions
Numéro d’inventaire
La signature, apocryphe, du tableau l’a fait longtemps attribuer à Simon Vouet mais, selon Roberto Contini (conservateur à la Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin) et Francesco Solinas (maître de conférence au Collège de France), commissaires de l’exposition Artemisia, 1593-1654, cette oeuvre pourrait plus sûrement être attribuée à Charles Mellin.
Cette toile a été restaurée par le musée Maillol-Fondation Dina Vierny dans le cadre de l’exposition pré-citée. Jusqu’alors, elle était presque illisible en raison de sa saleté et de très importants repeints réalisés après un rentoilage datant du début du XIXe siècle, époque à laquelle fut apposée au vernis rouge, en bas à gauche, l’indication apocryphe : Vouët 1627.
Provenant peut-être de la collection du peintre néoclassique Joseph-Marie Vien (1716-1809), auquel se réfère une note collée au dos, elle aussi du XIXe siècle, l’oeuvre a été léguée en 1902 à la ville de Cahors par Frédéric Suisse.
L’ancienne attribution de cette toile à Simon Vouet et l’indication "1627" (année où il quitte Rome pour rentrer à Paris) sont assez compréhensibles. En effet, les ressemblances prononcées avec les peintures qu’il exécuta durant les dernières années de son séjour en Italie manifestent d’évidentes affinités avec l’oeuvre d’Artemisia Gentileschi, amie et disciple du maître. Et, de fait, on peut observer dans la toile de Cahors de nombreuses affinités avec la manière de la Gentileschi à la fin des années 1620, en particulier dans ses raccourcis et dans la morphologie de la tête , ainsi que dans le rendu de l’anatomie, de la carnation et de la pose. Enfin, c’est la structure même de la composition, celle du plan rapproché ou "américain", qui caractérise Artemisia.
Toutefois, on ne peut considérer Vouet ni Artemisia comme l’auteur de cette femme saisie sur le vif, sans aucun atribut historique ou mythologique susceptible de justifier un nu presque intégral. Malgré la vision "pudique" – le sexe couvert d’un léger voile de soie, seins et pieds cachés-, il émane de cette toile une charge érotique explicite, fort proche de celle qui se dégage des nus peints par Artemisia à Rome dans ses années-là (Danaé, 1612, Cléopâtre, 1620-1625). Amplifié par la vue en perspective, le corps souple de cette femme endormie, révélé d’une façon théâtrale par le lourd et somptueux rideau de velours rouge, semble presque s’abandonner après l’amour. Et c’est précisément le tombé de ce rideau, magistralement rendu en vermillon et laque, ainsi que les carnations, qui nous invitent à attribuer cette toile au Lorrain Charles Mellin, suiveur de Vouet et proche d’Artemisia, qui travailla à Rome et à Naples entre 1620 et 1649. On peut comparer cette oeuvre à son Apollon (1626) ou à L’Amour et la Fidélité, qui anticipent le traitement de la chair de la belle endormie de Cahors. D’autres tableaux présentent les mêmes raccourcis, les mêmes mains aux longs doigts pointus, la même attention portée aux chairs et aux étoffes.
D’après Francesco Solinas, Artemisia, 1593-1654 (Gallimard, Musée Maillol,2012).
Cette oeuvre est actuellement présentée dans le cadre de l’exposition Collections automne-hiver 2013-2014.