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Fiche Œuvre

La Communiante

La Communiante © Tous droits réservés
Artiste

Edmée Larnaudie

(08/02/1911 Saint-Pierre-Toirac - 07/11/2002 Saint-Pierre-Toirac)
L’artiste
Chronologie
1939
Technique
Huile sur toile
Dimensions
146,7 x 114,5 cm
Numéro d’inventaire
2010.1.1
Collection
Collection Edmée Larnaudie
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Cette œuvre a été exposée en 1939 au Salon des Artistes français, ainsi qu’en atteste l’article de George Waldemar dans Beaux-Arts le 5 mai 1939. « Ah ! si jeunesse savait ! Quand Edmée Larnaudie peint sa blanche Communiante elle fait preuve d’un esprit d’invention, dont on ne peut que la féliciter. Mais j’aimerais la voir moins éprise d’imagerie. L’art français se passe de subterfuges. J’invite la jeune artiste à oublier les décors des Pitoëff et à peindre la nature telle qu’elle se manifeste à ses sens et à sa connaissance ».

Dans la partie supérieure, quatre anges vêtus de longues robes écrues s’élèvent, comme deux rideaux que l’on écarte, découvrant la scène centrale. Les deux premiers anges, dont les ailes sont empennées de quelques touches rouges, portent un calice doré, les deux autres des encensoirs, eux aussi dorés. Ils encadrent l’église blanche qui se détache à l’arrière plan et dont la forme, élancée et triangulaire, double la silhouette de la jeune communiante, personnage principal de la toile. A ses côtés, ses parents sont habillés avec simplicité de vêtements sombres. Ils contrastent avec la blancheur soyeuse de l’enfant et mettent en valeur sa finesse et sa fraîcheur de poupée de porcelaine. Cette œuvre résume mieux que toute autre l’art d’Edmée Larnaudie qui associe une certaine familiarité, à travers le couple des parents et l’architecture commune de l’église, et un hiératisme assumé, tempéré par les courbes des robes des anges ou le léger contraposto de la mère.

Cette œuvre est évidemment pleinement allégorique, malgré le peu d’idéalisation des visages des parents qui pourraient être de véritables portraits. Le groupe est au bord d’une rivière, on aperçoit derrière eux les eaux qui les séparent de la rive où se dresse l’église. A la suite du philosophe Héraclite, la vie est souvent comparée à un fleuve au mouvement continuel mais dont l’onde se renouvelle indéfiniment. La première communion est aussi la réaffirmation du baptême salvateur, la répétition de celui du Christ dans le Jourdain.

Première occasion pour le fidèle de recevoir le corps du Christ, il s’agit donc aussi d’un moment initiatique. Selon la tradition catholique, lors de la consécration se produit la transsubstantiation : le pain et le vin se transforment véritablement en corps et sang du Christ. Puis le prêtre élève au-dessus de l’autel la patène qui contient les hosties et le calice et les montre à l’assemblée. Ici ce sont les anges qui élèvent le calice et le présentent à l’admiration du spectateur. Cette élévation préfigure celle de l’esprit, qui « comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde », va se détacher des préoccupations terrestres et matérialistes pour s’élever vers d’autres sphères et atteindre un autre niveau de compréhension.

La composition de la scène rappelle par ailleurs celle des Crucifixions traditionnelles. Le porche semi-circulaire dessine une auréole autour de la tête de la jeune fille. A sa droite sa mère reprend la pause de la Vierge au pied de la croix, à sa gauche le père, dont la blouse a
« des plis rigides comme ceux d’un dessin de pierre tombale » (Edmée Larnaudie), prend la place de saint Jean. La ligne verticale centrale associe, dans un mouvement ascendant, la communiante, l’église et le ciboire. L’or du calice séduit le regard mais quelle promesse doit-on y voir ? Les plus optimistes y verront sans doute le réconfort que devrait apporter la vie spirituelle à une jeune paysanne dont l’avenir semble déjà tracé, celui d’un quotidien routinier et étroit qui a prématurément fané le visage las de la mère. Dans « Paysans, Paysages », Edmée Larnaudie emploie le terme de « châsse » pour désigner sa peinture. La jeune communiante, parée comme ces effigies de la Vierge que l’on mène en procession, pourrait être le reliquaire des vertus les plus précieuses, l’innocence et l’espérance.
Sabine Maggiani

Cette oeuvre n’est pas présentée de façon permanente.

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