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Fiche Œuvre

La Loïe Fuller aux Folies-Bergère

La Loïe Fuller aux Folies-Bergère © Tous droits réservés
Artiste

Henri de Toulouse-Lautrec

(24 novembre 1864 Albi - 9 septembre 1901 Saint-André du Bois)
L’artiste
Chronologie
1893
Technique
huile sur carton
Dimensions
0,632X0,452 mm
Statut administratif
propriété publique, Musée Toulouse-Lautrec, Albi
Numéro d’inventaire
MTL.152
Collection
La collection Toulouse-Lautrec
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LOIE FULLER, DANSEUSE DE LA BELLE EPOQUE

L’ART DE LA DANSE RENOUVELE
En 1891, Loïe Fuller (Fullersburg-Illinois, 1862 – Paris, 1928), qui menait une carrière de comédienne et de chanteuse, découvre par hasard la danse.
Autodidacte, elle invente une gestuelle continue et répétitive et crée un spectacle composé de quatre danses, succession de tourbillons de voiles flottant dans la lumière. Rud Aronson, impresario américain, donne à cette chorégraphie novatrice qu’elle propose dès novembre 1892 aux Folies-Bergère, le nom de Danse serpentine, avec quatre danses, La Violette, La Danse du Lys, Le Papillon et XXXX.
A l’instar de Jane Avril, Loïe Fuller ose le solo dansé sans corset, jouant presque exclusivement de ses bras (à l’opposé de la danse académique où tout part des pieds). Métamorphosée par les jeux de lumière et de couleur, elle emplit l’espace scénique de formes lumineuses en mouvement. Dans certaines de ses pièces, des miroirs stratégiquement placés et des jeux d’éclairages savamment étudiés démultiplient son image à l’infini.

Chorégraphe, Loïe Fuller renouvelle l’art de la danse. Le corps de la danseuse s’efface au profit de la mobilité des formes et de la lumière, et Loïe Fuller utilise la scène comme une boîte noire. Elle révolutionne les arts de la scène et ouvre des voies que d’autres vont emprunter. Son intérêt pour la science la conduit à intégrer des techniques scientifiques, optique, chimie et électricité, à ses scénographies. Ses créations sont contemporaines de la naissance du cinéma, autre art technologique de la lumière et du mouvement.

L’EGERIE DES ARTISTES
S’il est emblématique du courant Art nouveau, l’art de Loïe Fuller, synthèse de la musique, des couleurs et du mouvement, captive tous les artistes. Outre Henri de Toulouse-Lautrec, elle inspire les affichistes Jules Chéret et Manuel Orazi, les sculpteurs Jean Garnier, Pierre Roche et Auguste Rodin. Les Symbolistes sont conquis par cet art qui se prête aux métaphores naturelles où le quotidien est transfiguré. Les Futuristes sont séduits par l’art cinétique et lumineux. Loïe Fuller fascine tout autant les metteurs en scène, les photographes, les cinéastes. Les scientifiques comme les frères Lumière, Marie et Pierre Curie, ainsi que les écrivains comme Stéphane Mallarmé qui la considère comme l’incarnation même de l’utopie symboliste, portent un grand intérêt à la danseuse. Elle attire également l’attention de l’architecte Guimard et de l’astronome Flammarion.

L’INCARNATION DE L’INNOVATION
Dirigeant son propre théâtre, productrice, imprésario, Loïe Fuller fait venir en France, dès 1900, les premières troupes d’acteurs japonais. Elle écrit des ballets et des tragédies, s’essaye comme réalisatrice au cinématographe et crée sa première compagnie de jeunes danseuses qui accueille en 1902 Isadora Duncan. Initiatrice d’une majeure partie de la danse contemporaine, figure marquante d’une époque où la culture populaire, les projets utopistes et l’affirmation politique des femmes transforment profondément le monde, elle est pourtant rapidement oubliée. Sans doute, l’éclairage électrique devenant omniprésent, perd-elle son caractère magique, pour se confondre avec la banalité du quotidien.

L’ART DE LOIE FULLER VU PAR LOIE FULLER
« Ma robe était si longue que je marchais constamment dessus, et machinalement je la retenais des deux mains et levais les bras en l’air, tandis que je continuais à voltiger tout autour de la scène comme un esprit ailé. Un cri jaillit soudain de la salle : un papillon ! un papillon ! Je me mis à tourner sur moi-même en courant d’un bout de la scène à l’autre et il y eut un second cri : une orchidée ! »
« Pour la science, il n’existe pas de lumière directe, il n’y a que de la lumière réfractée. Cette nouvelle création, à défaut d’un mot plus adapté, fut appelée une danse. Mais ce n’en était pas une. C’était une vision, une vision vibrante venant des profondeurs de l’obscurité. Il y avait ici quelque chose du monde invisible qui devenait réel, sorti du royaume de l’imagination. C’était la lumière rendue visible par une nouvelle forme qui produisait elle-même la lumière, comme le fait la lune interceptant les forces émanant du soleil que nous appelons lumière. L’espace est toujours plein de la lumière du soleil, nuit et jour. Personne pourtant ne voit cette lumière à moins qu’elle ne frappe quelque chose. La lumière est donc produite par la chose interceptée, car sans cette chose il n’y aurait pas de lumière. Celle-ci n’est qu’une force qui est produite par différentes causes : le soleil, la bougie, le feu, l’ampoule, etc. Mais la lumière de toutes ces sources est sans intérêt s’il n’y a rien pour intercepter les forces émanant de ces sources. »
Loïe Fuller, Quinze Ans de ma vie, Paris, 1908, extraits

TOULOUSE-LAUTREC, Miss Loïe Fuller
Henri de Toulouse-Lautrec découvre Loïe Fuller dans son spectacle aux Folies-Bergère où elle se produit en 1892.
Il est fasciné par la danse ondulante de l’artiste américaine et sa liberté d’invention. Il cherche à comprendre les rapports entre le corps de la danseuse et les voiles, à transcrire les effets inédits de lumière, de reflets et de miroitements et à traduire la nouveauté de ces attitudes, mouvements fulgurants, fluides et tourbillonnants.
Il peint trois fois celle que le tout Paris, en 1892, surnomme la " Fée Lumière " :

        • Au music-hall : la Loïe Fuller, 1892, huile sur papier calque, coll. M.M.Wildenstein.
        • La loïe Fuller sur la piste, 1893, huile sur papier, coll. part.
        • La Loïe Fuller aux Folies-Bergère, 1893, huile sur carton, coll. mTL

L’huile sur carton, que l’on peut considérer comme une oeuvre aboutie, prépare une série de lithographies dont le musée Toulouse-Lautrec conserve un tirage : Miss Loïe Fuller, 1893, lithographie en couleurs, 37 x 26 cm.

Catherine Brun, responsable du service des Publics

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