La mort de Sénèque
Chronologie
Technique
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Numéro d’inventaire
Joseph-Noël Sylvestre, auteur de cette composition, recompose une scène historique de l’époque du Haut Empire Romain. Ici, le peintre met en scène la mort, ou plutôt le suicide forcé, de Sénèque, philosophe, dramaturge et homme d’état, durant le règne de Néron, empereur romain. Cette œuvre peut être classée dans l’art dit « pompier » puisqu’elle nous renvoie à une scène historique mais froide et dramatique malgré les couleurs qui en ressortent.
Joseph-Noël Sylvestre aurait reproduit une scène historique selon les Annales, chapitre XV, de Tacite, historien, philosophe et sénateur romain. Dans cet ouvrage, Tacite rapporte les faits et les circonstances dans lesquelles Sénèque, compromis dans la conjuration de Pison, un complot destiné à assassiner Néron, se donne la mort. Une mort forcée par le dernier empereur romain. En effet, Tacite rapporte les faits suivants : avant de s’ôter la vie, Sénèque embrasse sa femme, Pompeia Paulina. Cette dernière, souhaite mourir avec celui qu’elle aime, elle demande donc qu’on la frappe. Sénèque, refusant que quelconque ne lève la main sur sa femme, déclare : « vous préférez l’honneur de mourir ; je ne serai pas jaloux d’un si grand exemple. Périssons tous deux avec un égal courage ». Par conséquent, Sénèque et sa femme s’ouvrent les veines du bras avec le même fer. Mais, le sang de Sénèque, vieil homme et affaibli d’un régime austère, ne coule pas abondamment, il se fait donc couper les veines des jambes. Afin de ne pas décourager sa femme, il s’isole dans une autre pièce dans laquelle il dicte un discours à ses disciples qui l’entourent. Voulant hâter sa mort, il avale du poison, mais n’ayant aucun effet, il ordonne qu’on le porte dans un bain de vapeur afin d’éteindre son agonie interminable.
Sylvestre a traité l’œuvre de manière théâtrale, de plus, les lumières du tableau accentuent le drame qui se joue. On peut apercevoir Sénèque, nu, au centre de l’œuvre, appuyé à la baignoire dans laquelle il finira ses jours. Le philosophe fixe le spectateur montrant son sang qui coule de ses bras. Son visage, expressif, rappelle son buste en bronze ou encore sa statue, faite en marbre noir, d’albâtre et d’émail, au Louvre, Sénèque mourant. Le sang de ses veines coule le long de son corps tachant le drap qui l’entoure. Sa main gauche, inerte, ses disciples la rattrapent, leurs gestes sont mélodramatiques, visages crispés par la douleur. Sa main droite se relève dans un ultime effort afin d’accentuer ses dires. Le groupe à gauche a l’air agité, tandis que le groupe de droite est plus calme, recueillant les évènements et la parole de l’homme qui se donne la mort, Sénèque le Tragique.