Le chapiteau à la poule et au renard
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Numéro d’inventaire
Au coin nord-ouest du cloître de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac, une fontaine était entourée de claires-voies portées par des colonnes et des chapiteaux dont celui-là. Il est daté de l’an 1100 comme le cloître.
Sur chaque face de la corbeille est installé un couple d’oiseaux adossés aux ailes éployées et aux têtes renversées pour se rejoindre sous les dés médians ; leur cou décrit un mouvement très souple et très gracieux dont la courbe répond à celles du corps tout entier. La qualité de la sculpture réside dans l’alliance d’une simplification élégante des formes , un rien précieuse, et d’un rendu « naturaliste », qui n’exclut pas la stylisation dans le traitement des plumes par exemple.
Le tailloir actuel accompagnait déjà cette corbeille dans un catalogue de vente en 1929. Sur la première face longue, un grand dragon poursuit un petit personnage nu (qui représente une âme), puis le dragon avale le personnage dont seules les jambes dépassent de la gueule monstrueuse. Sur la seconde face longue, une poule et un renard de profil sont face à face. La poule est en train de picorer et le renard semble l’épier, puis le renard saisi la poule par le col.
Le rapprochement iconographique d’un dragon et d’un renard et d’une poule pourrait se rapporter à un passage du commentaire de l’Apocalypse par le moine Beatus de Liebana. Ce texte évoque la « Bête montant de la terre qui parlait comme un dragon » (Apocalypse 13, 11). Ce dragon est considéré par les Pères de l’Église comme l’allié du diable qui trompe le peuple chrétien par de faux enseignements. De même, nous dit Beatus, le renard est un animal fourbe qui cherche toujours à tromper sa proie. Il est la parfaite image de l’hérétique. La poule qui protège ses poussins est assimilée quant à elle à l’Église protectrice. Une dizaine de ces manuscrits dits « Beatus » illustrent ces propos par la représentation en peinture d’un renard tordant le cou à une poule. La ressemblance entre les scènes peintes (par exemple celle du Beatus de Gérone) et la scène sculptée du tailloir autorise à les rapprocher.
Œuvre présentée dans les chapelles latérales du cloître de l’abbaye de Moissac.