Le Peintre
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La scène se passe peut-être au moyen âge. Le peintre a disposé un établi rustique fait de tréteaux et d’une planche, et utilise une multitude de pots de céramique blanche pour mélanger ses pigments. La plupart sont posés à terre, sur le sol de tommettes rouges, et de petits pinceaux s’y dressent comme des rameaux bouturés.
Sur le mur de chaux blanche, la Vierge à l’Enfant semble en lévitation. Ses grands yeux cernés de noir lui donnent l’un air oriental d’une icône. Les sourcils et l’arrête du nez sont dessinés d’un simple trait, la bouche est à peine esquissée. Elle serre contre elle l’Enfant, cheveux noirs en broussaille, dont les deux petits pieds dépassent de ses langes vert foncé. La Vierge est enveloppée d’un long manteau bleu, sa robe blanche est constellée de points bleu, vert et ocre. Les bordures du cou et de la manche sont vert pomme mais on peut imaginer des orfrois brodés d’or et d’argent.
Le peintre barbu, vêtu d’une ample robe blanche immaculée, semble esquisser un mouvement de recul, à la fois surpris et émerveillé devant la bienveillance infinie qui émane de la figure de la Vierge qu’il vient de réaliser. Est-il bien l’auteur de cette belle image ? Il lui semble que sa présence s’est incarnée ici, à cet instant, pour lui. Peut-être est-il touché par la grâce de ce regard infiniment doux qui l’enveloppe et transperce son cœur sur lequel il a replié sa main gauche. Le monde extérieur est aboli, seul compte le dialogue muet entre l’artiste et la Mère qui lui délivre l’enseignement fondamental du Christ : l’amour du prochain, qui n’a pas besoin de paroles pour atteindre les cœurs et les esprits, qui amène à « l’ascension spirituelle ».
En haut à droite, une autre scène s’amorce, le combat d’un ange, aux ailes affaissées, et d’un diablotin agité. Mais les deux protagonistes sont relégués dans le coin du tableau, comme si la dualité de l’homme, l’antagonisme entre les vices et les vertus, cédait le pas à l’Amour divin, celui du parent pour son enfant qui permet de pardonner les fautes et les défaillances. La Vierge porte d’ailleurs un nimbe crucifère à petits points, traditionnellement réservé au Christ car la croix qui s’y dessine rappelle l’instrument de son supplice et sa mort. Ici, le nimbe de l’Enfant est intact. Cette permutation peut être interprétée par l’acceptation de la Mère des souffrances à venir de son fils, par amour pour lui, alors que son innocence de petit enfant le protège encore.
Sabine Maggiani
Cette oeuvre n’est pas présentée de façon permanente.