Manche de cuillère
Chronologie
Technique
Numéro d’inventaire
Manche et détail du sommet
Manche de cuillère découvert en 1988-1989 à Toulouse (angle des rues Sainte-Anne et Saint-Jacques)
Ce très rare objet en ivoire est un manche d’ustensile dont la partie utilitaire a disparu.
Il porte une décoration riche et complexe difficile à percevoir à l’œil nu.
Au sommet, un centaure joue de la lyre, assis sur un rocher posé sur le bassin d’un trépied. Chaque pied du siège forme un pilastre cannelé couronné par un chapiteau gravé et terminé en bas par quatre griffes.
Sur le premier chapiteau, un homme porte une torche renversée et un vase, sur le deuxième un autre soulève une outre à vin et sur le troisième, c’est une femme qui danse et qui lève un tambourin, tenant dans son dos un bâton appelé thyrse. Il s’agit d’une ménade, femme en transe appartenant au cortège de Bacchus.
Une frise de trois masques sépare le trépied de la partie inférieure de l’objet. Ce sont des satyres : deux de ces masques représentent un visage barbu et chevelu, aux traits accusés, tourné vers la gauche ; le troisième, qui leur fait face, est jeune et imberbe. Un vase pour boire le vin, appelé canthare, et un thyrse les séparent.
Le centaure n’est autre que Chiron à qui fut confiée l’éducation, entre autres, du fils d’Apollon, Asclépios-Esculape, dieu de la médecine.
Le canthare, le thyrse, la ménade et les satyres évoquent le cortège de Bacchus, le Dionysos des Grecs, les masques sont une allusion au théâtre dont il est à l’origine tandis que l’outre et la torche renversée renvoient à son culte.
Le trépied symbolise le siège de la Pythie, la prophétesse qui parlait au nom d’Apollon, à Delphes, où en hiver le culte de Dionysos remplaçait celui d’Apollon. Delphes est le lieu de l’alliance des deux divinités aux caractéristiques opposées.
Daté de la fin du Ier ou du début du IIe siècle, ce décor concerne davantage le culte de Bacchus qui connaît un renouveau à cette période, plutôt que celui d’Apollon.
Découvert dans une maison installée sur un axe majeur menant au sanctuaire du quartier cathédral actuel, ce manche pourrait correspondre à un objet cultuel de même type que les cuillères à encens.
Peut-être est-il alors à mettre en liaison avec l’autel au décor bachique présenté précédemment ?