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Numéro d’inventaire
Peintre génois, Bernardo Strozzi fait d’abord son apprentissage dans l’atelier de Pietro Sorri, artiste maniériste. Après deux ans d’étude, il entre chez les Capucins au monastère de Santa Barbara, ce qui lui vaudra un prénom « Il Cappuccino ». Vers 1610 il quitte le couvent pour subvenir aux besoins de sa mère malade et travailler comme peintre. C’est en ce moment que sa carrière artistique commence véritablement. Ses premières œuvres sont marquées par le maniérisme aux couleurs acides et aux formes anguleuses. A partir de 1614 sa manière évolue vers un plus grand naturalisme dont les sources se trouvent chez les petits peintres flamands (les frères Van Wael, J. Roos) ainsi que chez Orazio Gentileschi, un des héritiers de la tradition caravagesque. Il fait connaissance également avec l’oeuvre de Rubens qui séjourne à Gênes en 1607. Le baroque rubénien l’incite à enrichir la palette qui gagne ainsi en intensité et en richesse chromatique. Sa touche devient plus fluide et en même temps plus épaisse et pâteuse, en un mot, généreuse.
Strozzi reçoit d’importantes commandes pour l’exécution des fresques du palais des Marquis Centurione à San Pier d’Arena, du décor au salon du Palazzo del Doges et des portraits. Son œuvre participe à la naissance d’une école locale à Gênes qui fleurira pendant un siècle.
En 1630, à la mort de sa mère, il refuse de revenir au couvent ce qui l’oblige à quitter Gênes pour Venise. La fréquentation d’œuvres de Véronèse et d’artistes contemporains tels que Fetti et Lys, joue un rôle important dans l’établissement du style de Strozzi. Il réaffirme son orientation prise à Gênes vers les couleurs chatoyantes et une touche liquide. Sa manière peut être qualifiée de libre et énergique. Comme dans sa ville natale, il reçoit de grandes commandes et peint aussi beaucoup de portraits. L’œuvre du génois Bernardo Strozzi, à côte de ceux de Fetti et de Lys, également « étrangers », va contribuer au renouvellement de l’esprit de la grande peinture à Venise qui, pendant la première moitié du XVIIe siècle a été dominée par un style maniériste tardif.
Outre les tableaux religieux, Bernardo Strozzi a peint des scènes de genre représentant les musiciens, comme c’est le cas de cette toile. Ici le clair-obscur crée une ambiance quasi mystérieuse, les deux musiciens rapprochés dans un mouvement de complicité, fixent le spectateur. Ce traitement de lumière confère à la scène un côté irréel et abstrait ce qui laisse supposer l’appartenance de l’œuvre à la période de jeunesse de Strozzi.