Passeport de Maurice de Guérin
Chronologie
Numéro d’inventaire
Ce document officiel, daté du 27 septembre 1824, anodin en apparence, est une pièce intéressante pour la maison d’écrivain qu’est le château-musée du Cayla.
Il témoigne des conditions d’autorisation de déplacement durant la première moitié du XIXe siècle et livre des informations relatives à Maurice de Guérin et à sa famille.
Le portrait d’un jeune adolescent
En 1824, Maurice de Guérin a 14 ans. Dans la rubrique signalement, à gauche, sa description est suffisamment précise pour se faire une idée de l’allure générale de ce tout jeune homme dont on ne possède pas de portrait réalisé de son vivant : Mesurant un mètre cinquante, il a les cheveux châtains, le front découvert, les yeux et les sourcils noirs, le nez gros et la bouche moyenne. Le menton est pointu dans un visage ovale au teint brun.
A noter que son prénom d’usage, Maurice, n’est que son troisième prénom. Pour l’état civil, il se prénomme Georges, Pierre, Maurice, né la 4 août 1810.
Les Guérin, maires du village de père en fils
Le passeport est rédigé par un officier civil qui n’est autre que son père Joseph de Guérin. Nommé maire de la commune d’Andillac après le retour de Louis XVIII au pouvoir (1815) par le préfet du Tarn, le baron Decazes, il occupe cette charge pendant 15 ans. Son propre père, Antoine de Guérin, avait accueilli avec enthousiasme 1789. Ce gentilhomme philosophe avait présidé l’assemblée des citoyens d’Andillac et avait été élu maire à plusieurs reprises avant de s’éteindre en 1803.
Joseph de Guérin n’a pas de la période révolutionnaire les mêmes souvenirs. Il a évité la réquisition en 1796 en se cachant en Grésigne, puis en gagnant l’Italie. Et c’est en royaliste convaincu qu’il assume cependant sa tâche de maire avec rigueur… et avec l’aval de ses administrés d’Andillac. La commune compte alors 270 habitants, un peu plus qu’aujourd’hui (202 habitants).
Un passeport pour Paris
Maurice est donc autorisé à se rendre d’Andillac à Paris. Après avoir suivi une première formation au collège de l’Esquile à Toulouse à compter de 1822, il entre en 1824 au collège Stanislas de Paris pour poursuivre des études de séminariste. Le passeport stipule étudiant séminariste. Un cousin de son père, Auguste Raynaud, professeur dans ce collège, a plaidé sa cause et obtenu pour lui une bourse d’études, payée par l’Oeuvre jusqu’en 1827, puis par la ville de Paris et monsieur Augé, supérieur du collège.
Pour atteindre la capitale, Maurice prend à Caussade la malle-poste de Toulouse en passant par la vallée de la Vère, Bruniquel et Montricoux, accompagné de son frère Erembert et du meunier Malric.
© Brigitte Benneteu