Portrait de Jean-Marie-Joseph Ingres
Chronologie
Technique
Dimensions
Numéro d’inventaire
Réalisé au cours d’un bref – et peut être d’un unique – séjour de Joseph Ingres auprès de son fils, à Paris, le tableau appartient à la première série de portraits peints de l’artiste, réalisée pendant les trois dernières années d’un séjour forcé dans la capitale. En effet, le départ pour Rome fut longtemps retardé pour des raisons financières dues aux campagnes militaires de Napoléon. (…)
Le modèle de cette toile né à Toulouse en 1755 et mort à Montauban en 1814, eut une importance capitale dans la carrière de son fils. On pourrait presque le comparer au père de Mozart, par les sacrifices personnels engagés dans l’éducation d’un enfant plein de promesses, par la réelle supériorité du cadet sur l’aîné, par l’admiration presque aveugle que ce fils lui conserva toute sa vie durant. Joseph Ingres n’était pourtant pas un artiste brillant. Miniaturiste habile, dessinateur intéressant mais modeste, il fut un sculpteur assez médiocre et un peintre déplorable, heureusement connu par une seule toile, déposée par l’église de Villebrumier au musée Ingres. La ville de Montauban conserve encore la majorité de ses travaux de décorateur, à la préfecture, dans plusieurs hôtels particuliers, et surtout au musée Ingres dont il avait mis au goût du jour plusieurs salons, à l’époque où le bâtiment était encore la résidence de l’évêque.
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L’homme était aussi singulier que l’artiste : infidèle, inconstant, il avait fait le malheur de sa femme et par voie de conséquence celui de ses enfants, les abandonnant presque dans la misère pour vivre une vie de célibataire à Toulouse, où il s’était assez rapidement installé avec son aîné. (…)
Le portrait reflète le caractère assez superficiel du personnage, bel homme plutôt satisfait de lui-même, sinon vaniteux, artiste trop localement reconnu. S’il nous est bien parvenu dans son état d’origine, son auteur semble avoir eu quelques remords tardifs quant à sa composition ; au moment où fut réalisé un recueil de ses œuvres sous forme de gravure au trait, en 1851, il agrandit l’image, montrant son père jusqu’aux genoux, assis sur une chaise. Peut-être, comme certains l’ont pensé, la gravure dérive-t-elle d’un dessin perdu. (…)
George Vigne