Portrait du fils de Pere Romeu
Chronologie
Technique
Dimensions
Numéro d’inventaire
Quand il fut acquis et faute de plus de précisions, ce dessin était intitulé : Portrait d’enfant. C’est au travers d’une carte postale de Picasso adressée depuis Barcelone au poète Max Jacob, demeurant alors au 150 Boulevard Voltaire à Paris, et datée de mars 1903, que le voile sur l’authenticité de l’œuvre et l’identité de l’enfant sera définitivement levé. En effet, outre les portraits de trois personnages (dont Max Jacob, fourchette en main et peut-être Picasso qui le regarde), il y a la réplique du portrait de Castres, en haut à droite, bien que plus sommairement traité, à la plume. Par divers recoupements, il est possible d’affirmer qu’il s’agit du dessin de la carte de faire-part de naissance du fils (né le 12 mai 1902) du célèbre Pere Romeu, patron du non moins célèbre bar « Els Quatre gats » de Barcelone, dont Picasso était un fidèle client avec son groupe d’amis.
Picasso, en 1903, est à une période charnière de sa vie, il hésite entre Espagne et France, entre une expression classique dont nous avons ici un exemple quasi « ingresque » et le germe qu’il porte en lui du cubisme et des Demoiselles d’Avignon (1907).
Il n’est jamais facile de s’acquitter du portrait d’un tout jeune enfant par le dessin et pour cause ! Un instant d’immobilité de son modèle suffit à Picasso pour en restituer le visage, par un trait vif mais rigoureux. A peine peut-on déceler un léger repentir dans le contour de la partie sommitale du crâne. Le vêtement ample, certainement attaché dans le dos, et les mains sont à peine suggérés. La forme encore dolichocéphale du crâne de l’enfant et le peu de cheveux trahissent son tout jeune âge, peut-être moins de 6 mois. La position de sa main et de son bras droits indiquent qu’il est sans doute assis et s’appuie sur un support horizontal telle une table ou une tablette de chaise haute. Comme souvent, le regard et le traitement des yeux chez ses modèles constituent le point fort du talent de portraitiste de Picasso. Ici, d’une étrange fixité, ils semblent captés pour une seconde d’éternité.
Ce dessin a été acquis en 1950 auprès d’un réfugié catalan en France, Monsieur Lluís – « … Le propriétaire du dessin l’avait depuis longtemps et, Républicain, il a quitté l’Espagne pour la France et pour la Belgique. Il ne tenait pas ce dessin, ce qui est important à mes yeux, d’un camarade, ni d’un ami de Picasso. Il l’avait lui-même acheté. Nous ne savons pas à qui, … » -(courrier de M. Gaston Poulain, Conservateur, en date du 22 avril 1964).
(D. GASC. 2002)