Portrait d’un inconnu
Artiste
Anonyme
Chronologie
Technique
Numéro d’inventaire
Portrait d’un inconnu – marbre blanc
Ce portrait masculin, en marbre, fut découvert en 1958 à Puissalicon (Hérault), à l’occasion de travaux agricoles. Le contexte de découverte est une villa. L’œuvre demeurait depuis en mains privées. Elle est d’une qualité exceptionnelle.
L’inconnu de Puissalicon semble bien être le seul qui, en Gaule, pourrait remonter aux années antérieures à 30 avant notre ère. Connu et souvent cité par le grand spécialiste français, Jean-Charles Balty, ce dernier le rattache au premier quart du Ier siècle avant notre ère, et même probablement aux alentours des années 60 avant notre ère. Il peut donc être considéré comme le plus ancien portrait romain en marbre jamais découvert en France.
La violente torsion de la tête et le visage sévère, fermé et volontaire à la fois, voire tourmenté, renvoie à certains visages de l’île de Délos, créés au début du Ier siècle avant J.-C. Et ce sont bien, en effet, des ateliers grecs qui, transplantés à Rome dès le IIe siècle avant notre ère, furent à l’origine de la grande sculpture puis de ces effigies dans lesquelles ils surent insuffler une vie intérieure profonde. Ainsi le style de cette tête et la profondeur de l’expression marquent-ils une nette différence avec les portraits dynastiques plus froids d’Octave et de sa famille, exposés en symétrie au second étage du musée.
La collection de portraits romains conservés au sein du musée Saint-Raymond représente, il faut le rappeler, la plus importante série de ce type en France après celle du musée du Louvre. Riche d’une collection provenant de toute l’antique province de Narbonnaise, le musée est en ce sens un lieu idéal pour l’exposition d’une telle œuvre.
Il s’agit là d’un véritable chaînon qui créé un lien fort entre l’époque de la province romaine de Transalpine et la constitution de la province de Narbonnaise, organisée par Auguste autour de 22 avant notre ère.
L’individu représenté ne pouvait qu’être issu de la classe sociale la plus élevée du temps. S’agirait-il de l’un des gouverneurs de la Province ? Le plus célèbre d’entre eux fut Fonteius, accusé par les Gaulois de détournement d’argent public et de perception de taxes exorbitantes sur le commerce du vin entre Narbonne et Toulouse. Lors de son procès à Rome, en 69 avant notre ère, il fut défendu par le jeune Cicéron, dont la plaidoirie, illustre, est connue sous le nom de Pro Fonteio (« Pour Fonteius »). Fonteius fut certainement acquitté et la Gaule méridionale demeura soumise à une exploitation sévère et abusive. Qu’il s’agisse de l’un de ses gouverneurs ou pas, le visage de ce protagoniste de l’histoire républicaine demeure captivant.