Tailloir
Remployé comme linteau de l’une des fenêtres de la chapelle Saint-Julien de Saint-Bertrand-de-Comminges, ce marbre antique avait fait l’objet de bien des spéculations jusqu’à sa dépose en 1985. L’extraire de son mur a permis d’en identifier sa fonction première et ses remplois. Il apparut en effet que ce linteau était un tailloir dont les quatre chanfreins portaient un décor. Et l’on découvrit que son lit d’attente (la face supérieure qui, recevant soit un entablement soit une retombée d’arcs, n’avait pas lieu d’être ornée), était, lui aussi, pourvu d’un décor bien conservé.
Aux chanfreins du tailloir, deux pampres jaillissent de part et d’autre d’un vase cordiforme. Si la forme lancéolée des feuilles manque de souplesse, le développement des vrilles terminales, plus vivaces, est proche du tracé des vrilles sculptées aux angles d’une table d’autel paléochrétienne trouvée à Saint-Bertrand, créant ainsi un indéniable lien de parenté.
La face supérieure, elle, est ornée d’un vase à godrons pourvu de deux anses, d’où deux pampres jaillissent en volutes et se terminent en spirales. Ce motif est encadré de deux pilastres cannelés et rudentés, posés sur une base moulurée et surmontés d’un chapiteau de type corinthien au dessin très schématique. De part et d’autres se déployaient deux panneaux latéraux occupés par un cadre en losange mouluré dont le champ devait être orné de fleurons.
On estime aujourd’hui que le marbre d’origine, d’une longueur d’environ 1,50m, a appartenu à un mur bahut marquant la séparation entre le portique à colonnade et le jardin d’une demeure patricienne. Récupérée lorsque la première communauté chrétienne y implanta son église, cette plaque fut sciée pour servir de tailloir à l’un des piliers de la nef.
Un dernier remploi en fit, à l’époque romane, un linteau de fenêtre.