Théière Shi Dabin

On connaît très peu de théières authentiques de Shi Dabin, une vingtaine, la plupart découvertes dans les sépultures datées entre 1610 et 1630. Pourtant, bien avant sa mort, elles étaient recherchées et collectionnées comme d’insignes raretés, et leur valeur aux yeux des amateurs d’objets précieux n’alla qu’en augmentant après 1650.

Celle-ci, de grande contenance selon la pratique du thé dans les provinces du nord de la Chine, appartient selon toute vraisemblance à la production des débuts, vers 1590-1600. Le couvercle à ailettes s’inspire d’un bronze archaïque, en l’occurrence les pattes d’un chaudron Ding, référence courante à l’époque parmi les potiers de Yixing désireux de satisfaire le goût des lettrés amateurs de ces bronzes qu’ils collectionnaient. Toutefois ce couvercle n’est pas d’origine. Soit ancien et apparié à la théière, soit, plus vraisemblablement, fabriqué pour elle au XXe siècle lorsqu’elle faisait partie d’une collection privée en Chine, il correspond du moins à un véritable modèle de Shi Dabin. Un tel couvercle coiffe en effet une théière de forme presque identique à celle-ci, découverte en 1987 dans la tombe d’un ministre de Wanli (Musée Culturel du District de Zhangpu). La qualité du propriétaire de l’objet montre combien les œuvres de Shi Dabin étaient appréciées des plus hauts personnages. Après la mort du créateur, leur statut d’objet d’art s’accrut plus encore, et elles gagnèrent une côte qui ne saurait être comparée, pour une Européen, qu’à celle des toiles d’un grand peintre.

Outre sa rareté, la particularité de cette théière est d’être, à l’heure actuelle, la seule signée en écriture cursive xingshu, libre et très esthétique, alors que les autres théières de Shi Dabin portent sa marque en écriture régulière kaishu, qui est la norme officielle des caractères chinois depuis le IIe siècle.

Signature manuscrite incisée à la base : Shi Dabin zhi (fait par Shi Dabin)