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L’association
Occitanie Musées est le réseau des professionnels de musées d'Occitanie. L'Association regroupe les professionnels des musées et des établissements à but culturel et patrimonial de la région Occitanie. Elle fédère plus de 200 professionnels dans tous les domaines d'activités des musées (direction, conservation, médiation, documentation, régie...). L'Association est une section régionale de l’AGCCPF, Association nationale des conservateurs et des professionnels des musées et des patrimoines publics de France.
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Portrait

Anne Manceau

Médiatrice culturelle

  • Anne est Médiatrice culturelle
  • Elle travaille depuis 2012 à la Conservation Départementale du Gers, basée à l’Abbaye de Flaran, dans le réseau des sites et musées du Gers qui dépendent de la Conservation. Ce réseau se compose de 10 sites et musées : pôle archéologique Elusa, capitale antique (musée d’Eauze, domus de Cieutat à Eauze et villa de Séviac à Montréal-du-Gers), musée de Condom, musée archéologique de Lectoure, musée des Beaux-Arts de Mirande, musée campanaire de L’Isle-Jourdain et musées associés (musée paysan d’Émile à Simorre, musée du paysan gascon à Toujouse et musée de l’école publique à Saint-Clar).
  • Elle répond aux questions d’Occitanie Musées sur son métier, son parcours, ses missions.
  • Interview réalisée en février 2021
Anne-manceau

Comment devient-on médiatrice culturelle ?

Il y a plusieurs parcours possibles pour devenir médiateur·trice culturel·le. Pour ma part, après un baccalauréat scientifique, j’ai intégré l’école du Louvre à Paris pour un premier cycle de 3 ans consacré à l’histoire générale de l’art. J’ai poursuivi dans la même école avec un second cycle de 2 ans : une première année consacrée à la muséologie et une seconde année professionnalisante sur la régie des œuvres et la documentation. Plus tard, j’ai obtenu un concours de la fonction publique territoriale, celui d’assistante de conservation du patrimoine (filière culturelle, catégorie B), qui m’a permis d’accéder au poste que j’occupe actuellement.

Quelles sont vos missions au sein de la conservation départementale ?

Nous sommes deux médiatrices culturelles à la Conservation départementale et notre rôle est de rendre l’art et le patrimoine accessibles au plus grand nombre, en proposant des médiations (animations, visites…) en direction de tous les publics. Puisque nous travaillons sur le site de l’abbaye de Flaran avec ses expositions et pour le réseau des sites et musées gersois, nos thématiques de travail sont larges, de la préhistoire à l’art contemporain… Les missions sont également très variées et s’organisent principalement autour de trois axes :
– La conception d‘un programme annuel d’animations pour les publics individuels. Celui-ci inclut la participation à des évènements nationaux comme la Nuit européenne des Musées ou les Journées européennes du patrimoine, mais aussi des ateliers de pratiques artistiques pour petit·e·s et grand·e·s, des spectacles, des conférences, des visites guidées insolites ou contées…
– Le travail avec l’Éducation Nationale (pour lequel nous bénéficions de la présence d’une professeure chargée de mission) avec la conception, l’organisation et l’animation de visites pour les scolaires, mais aussi l’encadrement de projets pédagogiques trimestriels ou annuels.
Une démarche pour favoriser l’accessibilité aux personnes en situation de handicap avec, par exemple, la création d’outils tactiles ou l’animation de visites adaptées.
Bien sûr nous ne travaillons pas seules et nous pouvons mener à bien ces missions grâce à nos collègues de l’abbaye de Flaran (nous sommes une vingtaine de personnes à travailler sur le site, dont cinq guides qui assurent l’accueil du public et les visites guidées notamment) et aux équipes en place sur les sites et musées du réseau.

Quel est le projet que vous avez mené dont vous êtes le plus fière ?

Durant l’année scolaire 2019-2020, à l’initiative de notre professeure chargée de mission de l’Éducation Nationale, nous avons créé un escape game pédagogique intitulé « Les passeurs de temps » pour permettre aux élèves de lycée de découvrir l’abbaye différemment. Ce projet a été particulièrement intéressant à mener car une classe de 2nde du lycée Bossuet de Condom a été impliquée dans la création du jeu, avec leurs deux professeures d’histoire-géographie. Après une visite de l’abbaye, les élèves ont inventé un scénario (la mystérieuse disparition du conservateur départemental du patrimoine, qui est aussi le directeur de l’abbaye de Flaran !) puis ont réfléchi en classe à la création des énigmes. Le confinement du printemps 2020 n’a malheureusement pas permis aux élèves de finaliser le jeu. Nous l’avons donc terminé puis testé à l’abbaye, avant de concevoir une version définitive. C’était un sacré défi de concevoir des énigmes intéressantes à partir de données pédagogiques exploitables en classe après le jeu ! Grâce à un financement de l’atelier Canopé du Gers (appel à projet APAC), nous avons pu faire appel à l’association La Fabrique Toi Même (www.lafabriquetoimeme.fr) pour créer les objets et l’ambiance graphique du jeu, ce qui lui apporte une vraie plus-value. Nos collègues ont été impliqué·e·s dans le projet, que ce soit pour tester le jeu ou pour réaliser les vidéos utilisées dans celui-ci (figuration, prise de vue et montage). J’ai hâte de pouvoir présenter la version finale du jeu aux élèves ! La création d’un escape game représente énormément de travail mais est très amusante et stimulante, à tel point que nous en avons déjà un nouveau en préparation pour fin 2021… J’y travaille avec l’équipe des jardiniers de l’abbaye car il aura pour thème le jardin médiéval et sera, cette fois-ci, destiné aux visiteuses et visiteurs individuel·le·s.

Quel est votre œuvre préférée dans les collections du musée ?

À l’abbaye de Flaran, nous avons la chance d’abriter dans l’ancien dortoir des moines la collection de beaux-arts laissée en dépôt par Michael Simonow, collectionneur d’art privé. Parmi ces œuvres, une de mes préférées est une peinture à l’huile de Claude Monet (1840 – 1926) intitulée Marine, Pourville. Le peintre impressionniste a choisi de représenter uniquement le ciel et la mer, dans cette marine de 1881 sans bateau ni présence humaine. Le tableau a une composition très simple, en bandes horizontales superposées, et les touches de couleurs se déclinent dans un camaïeu de bleus et de verts, sur lequel ressortent quelques notes blanches pour l’écume des vagues et pour les nuages soulignés de rose. J’aime particulièrement la force d’évocation de ce tableau qui nous transporte aussitôt au bord de la mer… Comme la plage n’est pas représentée, l’écume des vagues vient jusqu’au bord inférieur du tableau et nous donne l’impression d’avoir directement les pieds dans l’eau. Je choisis souvent ce tableau en conclusion de mes visites de la collection Simonow. Après avoir bien regardé l’œuvre avec les enfants, nous fermons les yeux, ceux qui le souhaitent s’allongent par terre, nous écoutons un enregistrement du bruit de la mer et… nous partons en voyage ! C’est « l’instant zen » de la visite  !
Ce voyage peut aussi être tactile grâce à une transposition en relief de cette œuvre que nous avons faite réaliser par l’association Artesens d’Aix-en-Provence (https://www.artesens.org/). Elle fait partie d’une série de 7 transpositions tactiles d’œuvres de la collection Simonow commandées à Artesens, qui sont destinées aux personnes en situation de handicap visuel, à la sensibilisation du public à l’accessibilité à la culture mais aussi à la découverte de l’art autrement pour tous. Le travail mené sur la transposition tactile de cette marine, grâce à l’utilisation de différentes matières, permet réellement aux mains, guidées par la voix d’un·e médiateur·trice, de découvrir ce paysage : le ciel lisse avec les touches en relief des nuages, la crête des vagues, la grande vague qui s’enroule au centre du tableau puis le bouillonnement de l’écume à l’approche de la plage…

Marine, Pouvourville, Monet - 2) Transposition tactile de Marine, Pourville de Claude Monet
© en haut : Marine, Pourville de Claude Monet © CDPM32/Flaran – Collection Simonow ; en bas : Transposition tactile de Marine, Pourville de Claude Monet © CDPM32/Flaran – Artesens

Si vous pouviez remonter le temps, rencontrer un artiste ou revivre une époque ?

Si je pouvais remonter le temps, je choisirais le Moyen Âge pour pouvoir rencontrer les moines de l’abbaye de Flaran (qui a été fondée en 1151) et raconter cela à nos visiteurs !
J’assisterais aux différentes étapes de la construction des bâtiments pour connaître tous les secrets d’un chantier médiéval. Puis j’observerais les moines pour savoir à quoi ressemblait la vie quotidienne de cette communauté qui vivait en autonomie (même si je ne pourrais pas leur poser de questions puisqu’ils faisaient vœu de silence…). Je serais en particulier très curieuse de savoir à quoi ressemblait le jardin de l’abbaye. À l’abbaye, trois jardiniers s’occupent du jardin d’inspiration médiévale composé d’un verger, d’un potager et d’un jardin de plantes médicinales, qui vont être complétés en 2021 par des vignes et des ruches notamment. Ce jardin a été recréé à partir des informations générales dont nous disposons sur les jardins d’abbaye, mais cela serait très intéressant de savoir à quoi ressemblait réellement celui de Flaran !

Si vous n’étiez pas médiatrice culturelle, vous pourriez être ?

Si je n’étais pas médiatrice culturelle, je serais professeure des écoles… pour emmener mes élèves découvrir plein de musées et de lieux du patrimoine bien sûr ! Ou alors, si j’avais une plus jolie plume, je serais autrice de livres pour enfants car j’adore raconter des histoires !

Coordonnées du musée

Abbaye de Flaran, Centre patrimonial départemental Abbaye de Flaran
32310 Valence-sur-Baïse 05 31 00 45 75