Les arts de la table, véritable vecteur de romanisation
Grâce aux signatures et aux décors des récipients, il est assez facile de reconnaître les productions venant des différents centres de production. Diffusée surtout entre 20 et 120 après J.-C, cette céramique a emprunté par voie de terre et de mer les circuits du négoce qui accompagnait les soldats de l’Empire Romain : de l’Ecosse à l’Afrique du Nord ; du Portugal à la Roumanie, et à la Syrie.
Les productions de Montans ont été essentiellement diffusées dans l’ouest de la Gaule et principalement en Aquitaine et, au-delà, jusqu’au Royaume Uni et au nord de l’Espagne. Elles essaimaient grâce à l’important axe commercial fluvial que constituent le Tarn puis la Garonne vers l’Atlantique à partir des comptoirs situés dans le Bordelais et en Vendée où de grands négociants en terre cuite (negociatores reicretariae) organisaient d’efficaces réseaux commerciaux, avec des relais de stockage et des entrepôts de redistribution.
On retrouve celles de la Graufesenque partout en Gaule, mais aussi en Germanie, en Bretagne (Angleterre et Ecosse), dans la Péninsule ibérique, sur les côtes africaines, en Italie, en Grèce et même sur les bords de la Baltique, de la Mer Noire et de la Méditerranée orientale. On en a signalé jusqu’en Inde et au Soudan. On a même retrouvé une caisse contenant 90 coupes à décors moulés dans les cendres de Pompéi. C’est vraisemblablement par des convois de mulets que la marchandise est expédiée. L’axe nord-sud rejoignait, à Cessero (Saint-Thiberry), la voie Domitienne, grande route de la Méditerranée, qui unissait le Rouergue à Narbonne, port d’exportation vers l’Italie, l’Espagne et l’Afrique.