La mosaïque : origine et diffusion
D’abord utilitaire, mais aussi décorative, la mosaïque évoque à tout un chacun l’époque romaine. Pourtant, le principe de juxtaposition d’éléments colorés pour former un motif est bien plus ancien : des galets de rivière blancs, noirs, rouges, crème étaient déjà employés sur un support de mortier à Gordion (en Asie Mineure, Turquie actuelle), au VIIIe siècle avant notre ère, pour réaliser un tapis à motifs géométriques. Ce décor avait un avantage indéniable : les galets, calés les uns contre les autres dans un mortier de chaux parfois coloré, permet d’obtenir un sol solide, étanche et facile à nettoyer.
Trois siècles plus tard, les Grecs adoptèrent cette technique pour décorer les sols des maisons et édifices publics avec des galets noirs et blancs ou plus colorés, complétés parfois par des guides (bandes de métal ou de terre cuite). A partir du IVe siècle avant notre ère, les mosaïques en galets à sujets figurés se multiplient en Grèce (l’exemple le plus célèbre étant les mosaïques de Pella figurant des scènes de chasse ou des quadriges (chars attelés de quatre chevaux de front), certaines signées par le mosaïste). Durant toute la période hellénistique, les mosaïstes grecs expérimentent des techniques aboutissant à la mosaïque à tesselles (petits cubes de pierre, terre cuite ou de verre taillés de manière plus ou moins régulière).
Au IIe siècle avant notre ère, la technique de la mosaïque arrive à Rome avec la conquête romaine de la Grèce et se diffuse rapidement parmi les classes aisées, dont les plus riches peuvent s’offrir des sols en marbre de couleurs (opus sectile) ; à Narbonne, capitale provinciale, de nombreuses domus possèdent des sols en opus sectile noir et blanc. La mosaïque est alors principalement un décor de sol et le reflet des activités et des croyances des propriétaires. Des décors muraux sont attestés toutefois pour des pièces d’eau, fontaines, bassins et également comme décor de jardin. La technique continue durant l’Antiquité tardive employée aussi pour couvrir les murs et voutes des monuments chrétiens, des baptistères…, comme à Ravenne, Naples, Rome (pour l’Italie). Un bel exemple en Occitanie est Notre-Dame de la Daurade (Toulouse), dont le décor mural de mosaïques à fond d’or a malheureusement disparu en 1761.