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Occitanie Musées est le réseau des professionnels de musées d'Occitanie. L'Association regroupe les professionnels des musées et des établissements à but culturel et patrimonial de la région Occitanie. Elle fédère plus de 200 professionnels dans tous les domaines d'activités des musées (direction, conservation, médiation, documentation, régie...). L'Association est une section régionale de l’AGCCPF, Association nationale des conservateurs et des professionnels des musées et des patrimoines publics de France.
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Édito

Route de l’Antiquité en Occitanie : parcours mosaïque

Parcours thématiques

© Jean-Pol GRANDMONT - Travail personnel, CC BY 4.0 - Mosaïque de Pella en galets

La mosaïque : origine et diffusion

D’abord utilitaire, mais aussi décorative, la mosaïque évoque à tout un chacun l’époque romaine. Pourtant, le principe de juxtaposition d’éléments colorés pour former un motif est bien plus ancien : des galets de rivière blancs, noirs, rouges, crème étaient déjà employés sur un support de mortier à Gordion (en Asie Mineure, Turquie actuelle), au VIIIe siècle avant notre ère, pour réaliser un tapis à motifs géométriques. Ce décor avait un avantage indéniable : les galets, calés les uns contre les autres dans un mortier de chaux parfois coloré, permet d’obtenir un sol solide, étanche et facile à nettoyer.

Trois siècles plus tard, les Grecs adoptèrent cette technique pour décorer les sols des maisons et édifices publics avec des galets noirs et blancs ou plus colorés, complétés parfois par des guides (bandes de métal ou de terre cuite). A partir du IVe siècle avant notre ère, les mosaïques en galets à sujets figurés se multiplient en Grèce (l’exemple le plus célèbre étant les mosaïques de Pella figurant des scènes de chasse ou des quadriges (chars attelés de quatre chevaux de front), certaines signées par le mosaïste). Durant toute la période hellénistique, les mosaïstes grecs expérimentent des techniques aboutissant à la mosaïque à tesselles (petits cubes de pierre, terre cuite ou de verre taillés de manière plus ou moins régulière).

Au IIe siècle avant notre ère, la technique de la mosaïque arrive à Rome avec la conquête romaine de la Grèce et se diffuse rapidement parmi les classes aisées, dont les plus riches peuvent s’offrir des sols en marbre de couleurs (opus sectile) ; à Narbonne, capitale provinciale, de nombreuses domus possèdent des sols en opus sectile noir et blanc. La mosaïque est alors principalement un décor de sol et le reflet des activités et des croyances des propriétaires. Des décors muraux sont attestés toutefois pour des pièces d’eau, fontaines, bassins et également comme décor de jardin. La technique continue durant l’Antiquité tardive employée aussi pour couvrir les murs et voutes des monuments chrétiens, des baptistères…, comme à Ravenne, Naples, Rome (pour l’Italie). Un bel exemple en Occitanie est Notre-Dame de la Daurade (Toulouse), dont le décor mural de mosaïques à fond d’or a malheureusement disparu en 1761.

Les prémices de la mosaïque antique en Occitanie

Dans le Midi de la France, les traces les plus anciennes de sols solides décorés sont des sols en mortier de tuileau. On en rencontre dans la colonie phocéenne de Massalia (Marseille) : il s’agit du sol d’un bâtiment daté de 200 avant notre ère, constitué d’un mortier fin dans lequel des fragments de pierre et des tesselles forment une inscription en caractères grecs de bienvenue. Une série de pavements aux motifs très originaux ont aussi été découverts à Lattara (Lattes) : datés des années 125-100 avant notre ère, l’un d’eux représente un équidé (âne ou cheval ?) dessiné avec des tellines (coquillages) fichés dans le mortier du sol.

Décor de sol en tellines - Site archéologique Lattara – Musée Henri Prades © Loïc Damelet, Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence / Site archéologique Lattara-musée Henri Prades , Décor de sol en tellines
Mosaique de pavement balnéaire, Cornebarrieu © INRAP - Mosaique de pavement balnéaire, Cornebarrieu

Les décors en tesselles non jointives

Dès la fin du IIe – début du Ier siècle avant notre ère se diffusent peu à peu, en Gaule du Sud, les décors de sols en béton (mortier de chaux ou béton de tuileau) ornés de tesselles et parfois rehaussés de peinture. Les tesselles, non jointives, forment des compositions géométriques parfois complexes.

Un bel exemple de ce type de pavement a été découvert à Cornebarrieu, près de Toulouse, dans un petit bâtiment thermal (balnéaire) du début du Ier siècle avant notre ère. Les deux pièces de cet édifice présentent chacune un tapis orné, pour l’un, d’un quadrillage losangé fréquent dans la région dès le IIe siècle avant notre ère, et, pour l’autre, d’une bande de méandres encadrant une rosace centrale, très influencée par l’Italie de la même époque.

L'opus tessellatum

C’est également au Ier siècle avant notre ère qu’apparaissent en Gaule les décors en opus tessellatum (constitués d’un support en mortier sur lequel sont juxtaposées des tesselles pour former un décor mosaïqué) où les tesselles, de différentes couleurs, sont jointives et forment un dessin géométrique ou figuratif. Ainsi, sur l’oppidum d’Alès (peut-être la plus ancienne mosaïque de tesselles en Gaule), mais aussi à Narbonne où une domus (maison) de la deuxième moitié du Ier siècle avant notre ère avait un sol fait de mortier blanc lissé et orné d’un semis de plaques de marbre de couleur. Ce décor particulièrement rare juxtapose les techniques, sa bordure et deux petits tapis étant réalisés en tesselles, principalement blanches et noires, mais aussi colorées dans la partie centrale et l’abside figurant des griffons (cf. image d’illustration).
Mosaïque aux Griffons - Narbo Via © Arnaud Späni – Narbo Via - Mosaïques aux Griffons
Emblema de mosaïque - Musée de l'Ephèbe et d'Archéologie Sous-marine - Le Cap d'Agde © M. Lacanaud - Musée de l'Ephèbe et d'Archéologie Sous-marine - Emblema de mosaïque

Les mosaïques polychromes

Dès le tournant du Ier siècle, les mosaïques polychromes se multiplient, à côté de pavements en noir et blanc, en fonction du niveau de richesse du commanditaire ou de l’affectation de l’espace décoré. Les mosaïstes perfectionnent leurs dessins géométriques essentiellement encore figurés.

Dès la fin du IIe siècle avant notre ère, s’est développée une technique employant des tesselles très petites (des cubes de quelques mm d’épaisseur) taillées dans diverses matières colorées (surtout le marbre et le verre) pour créer de véritables tableaux pouvant atteindre un très haut niveau de raffinement, attirant dès lors de véritables collectionneurs. Un bel exemple nous est donné avec l’emblema (petit panneau de mosaïque en opus vermiculatum sur un support amovible, réalisé en atelier) présenté au musée de l’Ephèbe d’Agde (cf image d’illustration). Avec de tels objets précieux, les mosaïstes atteignent peut-être le sommet de leur art.

Tout au long de l’époque romaine, les domus et édifices publics (notamment les thermes) parent leurs sols de mosaïques. Durant l’Antiquité tardive, avec le renouveau des villae (domaines ruraux comprenant la maison du propriétaire souvent richement décorée comme à Loupian) et le développement des édifices chrétiens, les ateliers de mosaïstes produisent des décors aux thématiques nouvelles qui ornent aussi désormais les parois et les voûtes.

Explorez les mosaïques d'Occitanie !

Retrouvez les mosaïques des musées d’Occitanie et laissez vous envoûter par leurs motifs et décors, parfois géométriques, parfois figurés, souvent d’une grande modernité ! Sillonnez ces oeuvres depuis la Villa de Séviac dans le Gers jusqu’au musée Auguste Jacquet dans le Gard, en passant par Lectoure (Musée d’Archéologie), Toulouse (Musée Saint-Raymond), Narbonne (Narbo Via), Le Cap d’Agde (Musée de l’Ephèbe), Loupian (Musée gallo-romain Villa-Loupian), Lattes (site Lattara), Nîmes (Musée de la Romanité, Musée des Beaux-Arts) sans oublier Millau !

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Quelques définitions

  • Tesselle : cube de pierre, de marbre, de terre cuite ou de verre (parfois à feuille d’or).
  • Opus tessellatum : technique constituée d’un support en mortier sur lequel sont juxtaposées des tesselles pour former un décor mosaïqué, parfois géométrique ou figuré.
  • Opus vermiculatum : mosaïque constituée de tesselles extrêmement fines (2-4 mm de côté et d’épaisseur) permettant de créer un décor s’approchant de la peinture ; il s’agit en général de petits panneaux précieux et amovibles réalisés en atelier.
  • Opus sectile : technique de décor constituée, sur un support de mortier, d’une marqueterie de plaques de pierre et de marbre colorés formant des motifs géométriques ou végétaux.
  • Mortier ou béton de tuileau : mortier de chaux mélangé à diverses charges comme de la terre cuite plus ou moins pilée, de la cendre, des graviers… formant un revêtement étanche.

La route de l'Antiquité en Occitanie, une initiative du réseau Occitanie Musées

L’Occitanie est un territoire profondément marqué par la période antique. Cet héritage y est visible au travers de collections de musées et de sites formant un patrimoine unique et exceptionnel ! Les professionnels de musées d’Occitanie, regroupés au sein du réseau Occitanie Musées, vous proposent d’explorer ce riche patrimoine en prenant la route de l’Antiquité et ses chemins de traverse.
 

Le premier parcours vous a invité à découvrir la mosaïque antique en Occitanie et son histoire. D’autres parcours vous seront proposés, comme celui retraçant l’aventure des artisans potiers en Occitanie.

Alors, en route !

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