Bernard Scaramela
Artiste
« Après des années d’errance photographique, je commets ma première sculpture en 1996 avec peu de moyens à l’époque mais une farouche envie de « faire » et de donner corps à un besoin vital de création. Je fais alors de la sculpture mon moyen d’écriture.
Concernant ma série « Ardoises », celle-ci trouve son origine sensible dans cette terre de Bigorre, terre d’adoption qui m’a accueilli et que j’ai fait mienne, terre qui a contribué à façonner ma mémoire, souvent caressée, parfois travestie, embellie, ou arrangée. Cette roche métamorphique se prête bien ici à cet exercice de sédimentation des états de mémoires au risque de se perdre dans des chemins sans issues.
Si dans ma pratique artistique, la matière, l’outil et le geste peuvent faire référence au sensible, à l’affectif et finalement à l’intime – ce que je revendique ici – ma recherche reste avant tout esthétique. Ce n’est qu’à postériori que le sens du travail apparait. En amont pas de fil directeur déterminé, pas de projet ou de programme précis préétabli. Pas d’avantage de volonté de s’inscrire dans une démarche artistique particulière, à la mode ou à la remorque d’un art officiel plus conceptuel. C’est après coup que le travail se révèle, que le pourquoi de ce qui est fait à ce moment précis de la vie, trouve tout son sens.
Mon mode de vie n’est pas de vivre à la mode.
Ce travail de sculpture est d’abord un espace de liberté. Il est l’expression d’une passion, il peut être aussi une mise en scène de ma perception subjective du réel ou de mon passé. Je n’ai aucun message à livrer et pas d’avantage de vérité à révéler : c’est le spectateur, avec son histoire, qui reste l’interprète. Tout au plus ce travail peut interroger. Et si parfois il suscite chez l’autre du plaisir ou de l’interrogation … alors le regard aura permis l’échange. »
Bernard Scaramela