Sief van der Voort, dessin, passion Pyrénées

Sjef van der Voort (1914-1990)
artiste peintre, aquarelliste, graveur et maître-verrier, est né le 11 mars 1914 à Oirschot (Pays-Bas).
Il grandit à Deurne, village du sud-est des Pays-Bas. Durant sa carrière professionnelle, il sera
principalement directeur d’une agence de publicité à Helmond, à 20 km de Deurne.
Son père était, lui aussi, artiste peintre et photographe. C’est donc logiquement que Sjef, fort de ses
envies créatrices, suit une formation artistique à l’Institut Supérieur de Bruxelles. En 1933, il est
reçu major de sa promotion et se voit offrir en récompense, un stage dans un atelier de peinture du
quai de Tournelle à Paris.
A l’issue de ce séjour parisien et avant de retourner aux Pays-Bas, il parcourt la France à vélo. Lors
de ce périple, il passe par Saint-Gaudens en 1937. Et c’est le coup de foudre ! Il y fait probablement
beaucoup de dessins et d’aquarelles, mais hélas bon nombre des ces oeuvres disparaîtront lors d’un
incendie en 1953.
A partir de 1937, il travaille à la fois dans une agence de publicité à Eindhoven et cède aussi à son
désir de vagabonder, en particulier, bien évidemment, en France. C’est durant cette époque qu’il
rencontre sa future femme, Maria Luijben.
Le 12 mai 1940, deux jours après l’invasion allemande des Pays-Bas, Sjef, son frère et un groupe
d’amis partent pour la France, dans le but d’atteindre l’Angleterre par Bordeaux. Hélas, le groupe est
rattrapé par la guerre et il échoue à Saint-Gaudens où il restera trois mois. Les garçons sont
hébergés dans une baraque aux portes de la ville, quartier de la Garenne. Sjef espère rentrer chez
lui. Dans cette attente et, pour autant que les circonstances le lui permettent, il part dessiner ou faire
des aquarelles de maisons pittoresques, de personnes typiques, de panoramas magnifiques. Il est
loin de sa famille et c’est la guerre ; avec ses amis, ils doivent travailler dur pour gagner leur vie,
mais il évoquera toujours ce moment comme le plus heureux de sa vie.
En août 1940, le groupe de jeunes Deurnais est rapatrié aux Pays-Bas, par la Croix-Rouge. Pendant
le reste de la guerre Sjef devra se cacher. Il choisira d’aller à Honthem, (Limbourg du sud), pour
échapper à l’Arbeitseinsatz1 allemand. A Honthem, comme à Saint-Gaudens, malgré la guerre et la
séparation avec sa famille, Sjef dessine et peint des aquarelles avec passion. Un an après la guerre,
le 10 mai 1946, il se marie avec sa bien-aimée qui lui donnera deux fils : Marcel et Lucien,
auxquels ce francophile donnera des prénoms français.
En 1981, lors d’un voyage touristique dans les Pyrénées, il faussera compagnie au groupe et, avec
sa femme, viendra une dernière fois à Saint-Gaudens.
Sjef van der Voort est un artiste modeste, ce qui explique le peu d’expositions présentées de son
vivant. Il s’y ose seulement au Vierspan, centre culturel qu’il connaît si bien et où, chaque semaine,
il retrouve ses vieux amis. Les rares fois où il acceptera d’exposer, il connaîtra un grand succès.
Malgré toutes les évolutions artistiques qui ont lieu dans la peinture entre 1935 et 1990, Sjef van der
Voort reste fidèle à son propre style, impressionniste avec une touche d’expressionnisme, mais
toujours réaliste : la vie dure des coupeurs de tourbe, le quotidien pittoresque de la campagne, des
ruelles idylliques, la beauté féminine, les chevaux. Tout cela peint avec une large palette de couleurs
et une grande maîtrise du dessin. Ses multiples carnets d’esquisses nous permettent de suivre ses
pérégrinations car il ne sortait jamais sans carnet, ni crayon. Sur ses dessins, ils prenait des notes qui
lui permettaient, parfois bien des années plus tard, de composer une peinture à partir d’un de ses
croquis.
Que le Musée de Saint-Gaudens choisisse d’exposer une sélection des oeuvres de cet artiste
passionné, a été, pour les siens, quelque chose d’unique et d’extraordinaire. Cette exposition est
l’hommage posthume à l’homme pour qui Saint-Gaudens a été, toute sa vie durant, une source
d’inspiration si riche et si tendre.
Sjef van der Voort s’est éteint le 9 juin 1990, à Helmond, à l’âge de 76 ans.

Marcel van der Voort