Voyage autour de l’aquarelle avec Jean Buhot : « les rouleaux de la Rance »

Deux rouleaux sur papier aquarelle de 10 mètres de longueur sur 27 centimètres de largeur.

Ils évoquent la vie quotidienne aux environs de l’embouchure de la Rance entre Dinard, Saint Malo et Dinan. Si l’on en croit le roman familial, c’est durant la Seconde Guerre mondiale que Jean Buhot réalisa cette frise. Il est alors installé à Dinard, dans la villa familiale « à l’abri », pendant que son fils ainé, André, est captif en Allemagne. Ce serait donc dans cette ambiance d’attente et d’incertitude qu’il conçoit le projet des rouleaux de la Rance. Dans cette frise, les travailleurs de la terre et de la mer croisent une société de plaisanciers tout à leur loisir. Les saisons se succèdent, les jours de beau temps précèdent la tempête. Le déroulement des scènes ne correspond ni à une simple succession chronologique ni à un pur déplacement dans l’espace. Le premier rouleau est clair comme un jour de printemps, le second s’achève sur une scène crépusculaire ; la lumière des cafés s’allume, des travailleurs rentrent chez eux à bicyclette. Il s’agit de l’évocation d’un monde fait de souvenirs et d’expériences, où le passé et le présent se rencontrent dans une sorte d’allégorie du bonheur. L’aquarelliste y mélange une technique humide (surtout sur le premier rouleau) et une technique sèche. Le pinceau s’y fait parfois très calligraphique et le traitement de la végétation n’est pas sans rappeler le style de certains rouleaux chinois.

L’œuvre est actuellement conservée par la famille du peintre et orientaliste Jean Buhot.