Le jeune Routy à Céleyran

Henri de Toulouse-Lautrec prend pour modèle à de nombreuses reprises le jeune Routy, jeune journalier qui travaille sur le domaine familial de Céleyran. Outre la recherche à l’huile et le tableau, six dessins préparatoires lui sont consacrés.

Lautrec multiplie les fusains, diversifiant les poses. Il les traite tels des académies. Dans un portrait en plan rapproché sur le visage, Lautrec saisit la personnalité du modèle, timide, un rien renfermé.

Il représente le paysan assis sur le mur bas du jardin entrain de tailler un bout de bois. La composition, tout en hauteur, montre une vaste étendue de terre qui occupe la moitié inférieure du tableau. Elle est travaillée à grands coups de brosse. La matière peu épaisse laisse apparaitre à certains endroits la toile recouverte d’une préparation blanche. Le sol vert pâle ombré de gris est animé aux pieds de l’homme par des touches lumineuses jaune orangé évoquant les copeaux.

Le jeune homme occupe le centre. Sa silhouette solidement campée et le paysage à l’arrière plan sont traités en larges tâches de couleurs uniformes dans des tonalités de gris, bleu et vert ponctuées de touches de couleur brun.

Ce travail en plein air montre l’intérêt de Lautrec pour les formules esthétiques proposées dès les années 1880, celles du naturalisme rural. Il en reprend le sujet, une scène agreste, la ligne d’horizon haute et la compréhension physique et psychique du modèle. Lautrec use d’une palette claire, d’ombres colorées, de touches juxtaposées de couleurs pures, qui témoignent de sa connaissance des leçons de l’impressionnisme.

Longtemps la date proposée pour cette huile fut 1882. Celle de 1883 est maintenant avancée. Dans une lettre datée du 1er septembre 1883 qu’il envoie à Eugène Boch depuis Céleyran, il semble évoquer cette série.