Apollon écorchant Marsyas

Guido Reni fut l’un des peintres les plus admirés en France aux XVIIe et XVIIIe siècles car sa peinture noble et classique correspondait aux canons esthétiques nationaux. La mythologie était pour un peintre épris de beauté antique une matière vivante et une source d’inspiration. Le thème d’Apollon et Marsyas, la rencontre tragique d’un dieu et d’un satyre qui a l’audace de se mesurer à lui, illustre l’opposition entre la culture savante symbolisée par la lyre du premier et la musique populaire personnifiée par la flûte de Pan du second. Le contraste entre la pâleur laiteuse d’Apollon, divinité hyperboréenne et le teint cuivré de Marsyas accentue ce fossé culturel et social. Reni, l’un des grands peintres de l’école bolonaise, actif à Rome et à Naples avant de retourner dans sa ville natale, a traité ce sujet à deux reprises. Le tableau du musée des Augustins, daté vers 1619, provient du palais royal de Turin. Son élégante chorégraphie fait oublier la violence extrême du supplice du satyre qu’Apollon dépèce.

(c) Musée des Augustins, Axel Hémery, directeur du musée.